L’Accord de Paris aura 5 ans cette année. L’occasion pour l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) de revenir sur la mobilisation des différents pays et acteurs non-gouvernementaux au niveau financier.
« Pour être l’héritière de Paris, Glasgow doit être aussi ambitieuse que possible. » Cinq ans après la signature de l’Accord de Paris lors de la Cop21, tous les regards se tournent vers la Cop26, qui se déroulera du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow en Écosse. L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) a fait un premier bilan sectoriel des effets de l’Accord de Paris. Et demande aux gouvernements une ambition accrue sur le plan financier.
Pour Sébastien Treyer, directeur du think tank, certains plans de relance ont été encourageants, notamment les plans français, allemand et espagnol. « En Chine, les priorités données sont le numérique et la transition verte. On peut se poser la question de ce qui est vert ou pas dans ces plans de relance. Certains rapports montrent que ces plans de relance accordent beaucoup de place aux énergies fossiles », souligne-t-il. David Levaï, chercheur associé à l’Iddri et ancien participant aux négociations climatiques du ministère des Affaires étrangères en vue de la Cop21, analyse: « La façon d’utiliser ces plans de relance pour en faire un moment charnière pour la conversion structurelle dans la transition verte sera un des grands enjeux dans les questions financières internationales jusqu’à la Cop26. Tout le challenge sera de s’assurer que les pays avec des ressources fiscales importantes ne soient pas les seuls à avoir des plans de relance verte, et s’assurer qu’il y ait des ressources financières en termes de dette pour que les pays où la transition est plus chère et plus compliquée puissent aussi investir. »
Les financements, un enjeu manqué ? « La tendance continue d’augmenter sur les financements climat, notamment sur les financements publics. Les financements privés, eux, n’augmentent pas ou pas assez vite », décrit David Levaï, citant notamment des rapports de l’OCDE et d’Oxfam France. Pour lui, « les finances vont faire le succès ou l’échec de la prochaine Cop » selon quatre axes : « le volume des finances totales (avec un objectif de 100 milliards en 2020 mais la tendance est inquiétante), la relance verte (avec la dette), l’alignement de l’ensemble des financements internationaux et notamment publics (il y a encore trop d’infrastructures dans le fossile) et l’impact du changement climatique (comment s’assurer que chaque pays puisse bénéficier des crédits pour protéger les populations). » Malgré l’impact de la crise sanitaire sur l’économie, « les pays sont capables de mobiliser des financements incroyables en un an. Ils doivent montrer qu’ils peuvent mobiliser ces financements pour limiter la crise climatique. » Mais la Cop26 pourrait bien manquer ce rendez-vous malgré le retour des États-Unis dans l’accord de Paris : « On attend quelques annonces mais assez peu d’annonces financières. Il y a un risque de moment un peu en demi-teinte », regrette David Levaï.
Engagements à tous les niveaux
Le directeur de l’Iddri Sébastien Treyer estime que « les messages déjà envoyés par Alok Sharma [le président de la Cop26, NDLR] et la partie britannique de la Cop sont déjà très bons. » Il attend cependant plus d’indications pour la transition climatique des pays du Sud. Pour David Levaï, « l’engagement à tous les niveaux va être de travailler sur la logique d’une intégration transversale de la question climatique dans l’ensemble des questions économiques. Quand on va parler de commerce, de subventions aux énergies fossiles dans le G20, de coopération transatlantique, de transparence financière internationale, tout ça va être intégré dans une même cohérence internationale. On attend une mobilisation tous azimuts. »