Les conséquences du réchauffement climatique se font ressentir sur les filières agricole et alimentaire. Pour agir, le ministère a dévoilé son plan d’action climat qui « permet de tracer une route pour notre agriculture et notre alimentation afin de relever collectivement le défi de nos engagements et obligations climatiques », a déclaré Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Il est décliné selon des enjeux retenus par le Premier ministre et fondé sur six axes :
- Accélérer le développement des pratiques agricoles permettant d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre de l’activité agricole ;
- Développer le potentiel de séquestration du carbone dans les sols et la biomasse forestière ;
- Soutenir la demande et la consommation en produits alimentaires vers des pratiques à moindre impact environnemental, en lien avec le Programme national de l’alimentation et de la nutrition (PNAN) ;
- Accompagner l’adaptation des filières agricoles et forestières face aux conséquences du changement climatique ;
- Enseigner à produire autrement et innover avec la recherche et le développement agricole pour s’adapter et atténuer le changement climatique ;
- Améliorer l’impact carbone liée aux activités du ministère.
Ce plan d’actions évoluera « régulièrement pour tenir compte de l’avancement de ces actions et l’atteinte des objectifs ». Il est transmis au Haut Conseil pour le Climat (HCC) pour avis. Il sera modifié ensuite au gré des remarques formulées par le HCC et d’autres parties prenantes.
Les sols agricoles comme levier d’action
Le premier axe consiste à soutenir le développement des pratiques agroécologiques pour permettre l’adaptation des systèmes agricoles aux effets du changement climatique et d’atténuer les conséquences de la production agricole.
Pour ce faire, le ministère se fixe quatre objectifs : réduire les surplus azotés, optimiser l’usage des fertilisants organiques et diminuer le recours aux fertilisants minéraux ; réduire la consommation d’énergie fossile sur l’exploitation et valoriser les effluents pour produire de l’énergie ; développer les légumineuses contribuant à réduire la fertilisation azotée dans les rotations et la déforestation importée ; accroître la surface certifiée en agriculture biologique, en poursuivant la mise en œuvre de la feuille de route des États généraux de l’alimentation ; ainsi que le nombre d’exploitations et la surface certifiée en haute valeur environnementale (HVE).
Le ministère entend également développer le rôle du secteur agriculture-forêt-bois en matière d’atténuation du changement climatique à travers la séquestration du carbone. « On considère que le secteur agriculture-forêt-bois absorbe environ 6,7 % des émissions annuelles de GES, principalement du fait du puits forestier », peut-on lire dans le plan présenté.
Pour cela, le ministère veillera à augmenter la couverture des sols en déployant des dispositifs favorables à la préservation et au développement des prairies et des haies ; à mobiliser les surfaces agricoles et forestières en faveur du stockage de carbone ; et à promouvoir la séquestration du carbone dans les sols et la lutte contre le changement climatique à l’échelle internationale en soutenant l’initiative 4 pour 1000 lancée par la France le 1er décembre 2015 lors de la COP 21.
Vers une transition agroécologique
Le plan d’action donne la priorité dans le troisième axe à la promotion d’une alimentation de qualité, en lien avec une agriculture résiliente tournée vers la transition agroécologique. Ainsi, « chacun doit pouvoir avoir accès à une alimentation sûre, diversifiée, en quantité suffisante, de bonne qualité gustative et nutritionnelle, produite dans le cadre d’une agriculture durable ». Trois objectifs guident cette action : le soutien du développement des projets alimentaires territoriaux et le levier de la restauration collective ; la sensibilisation du consommateur à l’impact de la production sur l’environnement ; et la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Gels, fortes chaleurs, sécheresse… Les filières agricoles et forestières sont déjà touchées par les changements climatiques. Le quatrième axe présenté aura pour rôle d’accompagner ces filières dans l’adaptation au réchauffement climatique avec la définition de 4 objectifs : éveiller la conscience sur la vulnérabilité de la forêt et de l’agriculture française au changement climatique ; accompagner la structuration ou l’amélioration des stratégies de gestion de risque dans les filières concernées ; favoriser les solutions de gestion du risque via des mécanismes assurantiels ; renforcer la résilience des productions agricoles à travers la gestion durable de l’eau et des sols.
Le ministère développe les pratiques éco-responsables au sein de son administration
« L’adoption de nouvelles pratiques favorables à l’adaptation et l’atténuation du changement climatique suppose une évolution des connaissances, outils et compétences », précise le ministère. Les actions du cinquième axe visent ainsi à produire de la recherche et les innovations pour des solutions opérationnelles permettant à l’agriculture et aux systèmes alimentaires de contribuer à l’atténuation du changement climatique.
Le sixième et dernier axe consiste à développer des pratiques éco-responsables au sein de l’administration. Cela passe par l’optimisation et la rénovation énergétique des bâtiments du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Mais aussi par le développement du télétravail et du numérique.
Une double déception
Par ailleurs, l’organisation Réseau Action Climat a déjà donné son verdict en évoquant un « recyclage des mesures existantes et insuffisantes pour atteindre les objectifs climat ».
Ce plan est « une double déception », ajoute l’organisation. « Il inclut des mesures inefficaces voir néfastes pour le #climat : #HVE, label bas-carbone, soutien au système assurantiel, qui perpétuent le système de production agricole actuel au lieu d’y apporter les modifications nécessaires ».
2⃣ Il y a tellement de trous dans cette raquette qu’elle ressemble à un cerceau.
— Réseau Action Climat (@RACFrance) June 24, 2021
❌ Aucune mention de la mutation de l’élevage industriel pour réduire les émissions de méthane,
❌ Pas de mesure pour la réduction des #engrais azotés de synthèse… @Agri_Gouv 👇 pic.twitter.com/4Xw2pcDxpN