Les émissions des transports continuent d'augmenter. Crédits : Adobe Stock
Le troisième rapport annuel du Haut conseil pour le Climat (HCC) présente un bilan mitigé. Le HCC recommande notamment au gouvernement d’accélérer ses politiques climatiques pour permettre à la France d’atteindre l’objectif 2030 de réduction d’émission de gaz à effet de serre.
Le chemin vers la neutralité carbone est encore long, selon le rapport du Haut conseil pour le Climat rendu public ce mercredi 30 juin. Le HCC note des avancées positives dans les actions menées par le gouvernement en matière de lutte contre le changement climatique, qui ont permis de réduire les émissions sur l’année 2019. Cette tendance à la baisse est constatée avec une diminution de 1,9 % sur un an, soit -8,6 Mt éqCO2, pour 436 Mt éqCO2 émis par la France.
Le HCC relève également des progrès « d’ordre structurel », dans les secteurs des bâtiments (17 %), de l’industrie (19%) et de la transformation d’énergie, suivis de l’agriculture, alors que les transports voient leurs émissions stagner à 31 %. « Les données consolidées montrent que la France a réduit ses émissions de 1,9 % (et non de 1,7 % comme annoncé jusqu’à présent). Notre objectif de réduction d’émissions de 20 % en 2020 par rapport aux niveaux de la 1990 a ainsi été atteint dès 2019 », se félicite le gouvernement dans un communiqué.
Mais le rapport remet les pendules à l’heure. La baisse observée en 2020 serait de 9 % mais « est quant à elle principalement attribuable aux mesures liées à la Covid-19 ». Cette baisse importante des émissions est temporaire, et ne reflète pas de changements durables dans les infrastructures. Le rapport met ainsi l’accent sur la nécessité d’accélérer le rythme de réduction des émissions : « En raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler, pour atteindre au moins 3,0 % dès 2021 et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget carbone (2024-2028) », peut-on lire.
Toutefois, le rapport salue la publication des premiers plans d’action climat ministériels, notamment du ministère de la Transition écologique, ministère de l’Economie, des finances et de la relance, et ministère de l’agriculture et de l’alimentation. « Les deux premiers plans d’action du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Économie, des finances et de la relance montrent un effort vers une meilleure mise en cohérence des politiques publiques ». Le rapport interpelle également les ministères restants à publier « dès que possible les feuilles de route ».
La transition dans les territoires en bonne voie
La plupart des régions ont connu une baisse significative de leurs émissions sur la période 2015-2018 par rapport à 2011-2014. Le podium des régions mobilisées est occupé par l’Île-de-France avec une baisse de 2,6 % par an, Centre-Val-de-Loire qui a enregistré -1,7% par an et Auvergne-Rhône-Alpes avec - 1,2% par an. En revanche, certaines régions voient leurs émissions stagner ou repartir à la hausse sur cette période. Ces mauvais élèves du climat sont : la Guyane (+4,0 %), la Guadeloupe (+1,4 % par an), la Normandie (+0,3 % par an), et les Hauts-de-France (-0,1 % par an).
Par ailleurs, presque toutes les régions, à l’exception de l’Île-de-France, ont enregistré une augmentation des émissions issues des transports sur 2015-2018. L’Île-de-France est la seule région présentant une réduction moyenne annuelle de 1,7 % par an), mais qui « reste cependant en deçà de l’objectif de la SNBC1 pour ce secteur (-2,5 % par an) ». La Réunion, la Guadeloupe et la Bourgogne-Franche-Comté présent les plus fortes augmentations entre +1,6 à +2,0 % par an.
Vers une harmonisation entre les échelons territoriaux et nationaux
Le HCC félicite l’adoption des plans climats territoriaux. Il note que onze des treize régions de métropole ont mis à jour un plan de développement durable (SRADDET). Ces plans permettront une meilleure intégration des enjeux climat au sein des politiques territoriales. Ils « devront être évalués six mois après la prise de fonction des nouveaux exécutifs régionaux », recommande le HCC dans son rapport.
Néanmoins, le rapport indique que leur mise en œuvre et leur articulation avec les objectifs climatiques nationaux restent insuffisantes. Cette avancée territoriale doit progressivement converger avec la stratégie et les calendriers nationaux. « Il est nécessaire d’améliorer la concertation entre les différents échelons territoriaux et de synchroniser les documents avec la révision avec la SNBC », souligne le HCC.
Par ailleurs le gouvernement semble prendre note de ces recommandations « auxquelles il apportera une réponse détaillée sous six mois. Ces éléments seront aussi communiqués au Parlement et au Conseil économique social et environnemental », peut-on lire dans un communiqué.