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POLITIQUES

Urgence climatique : que faut-il retenir du sixième rapport du GIEC ?

PUBLIÉ LE 23 AOÛT 2021
ABDESSAMAD ATTIGUI
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Urgence climatique : que faut-il retenir du sixième rapport du GIEC ?
Les glaciers des pôles sont condamnés à fondre pour des décennie0s. Crédits : Pixabay
Le Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 09 août son sixième rapport d’évaluation. Le document résume l’état actuel du climat et envisage la trajectoire du réchauffement climatique à travers différents scénarios avec et sans action climatique. Focus sur les points essentiels à retenir.

« Les activités humaines ont causé le réchauffement climatique », affirment les experts dans leur dernier rapport intitulé « Le changement climatique 2021 : les bases scientifiques ». Les auteurs alertent sur les changements rapides du climat engendrés par l’influence humaine et craignent les effets irréversibles si l’augmentation des émissions demeure hors de contrôle.

Les auteurs pointent du doigt l’activité humaine, présentée comme la principale cause du changement climatique. Celle-ci a réchauffé le climat à un niveau sans précédent depuis au moins 2000 ans. Le rapport indique que « les augmentations des concentrations de GES (gaz à effet de serre [ndlr]) depuis environ 1750 sont indubitablement causées par les activités humaines ».

Les émissions d’origine humaine ont modifié la stabilité climatique de la planète. Parmi les conséquences évoquées dans le rapport, les experts citent en premier lieu un réchauffement climatique de 1,5°C. Selon la projection d’émissions la plus ambitieuse, nous atteindrons 1,5°C dans les années 2030, puis la planète connaîtra un pic de températures à +1,6°C, avant de baisser à 1,4°C à la fin du siècle.

Quels effets sur le système climatique ?

Dépasser 1,5°C revient à créer un avenir imprévisible avec des dangers importants. Cela provoquerait des points de bascule du système climatique, tels que le dépérissement des forêts et une forte accélération de la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique. Les glaciers des pôles sont condamnés à fondre pour encore des décennies voire des siècles, « alors que la libération par dégel du carbone contenu dans le pergélisol, considérée sur une période de plus de 1000 ans, est irréversible ».

Le niveau des mers n’a jamais augmenté plus rapidement que depuis 1900. C’est la plus rapide élévation jamais observée au cours des trois derniers millénaires. Et ce processus ne s’arrête pas là. Si l’élévation des températures provoque la fonte des calottes glaciaires, l’eau piégée dans les glaces se retrouvera par conséquent dans les océans et participera au cours des prochains millénaires à l’augmentation du volume d’eau provoquant une élévation de la mer. « La hausse continue du niveau des océans (jusqu’à + 2 mètres en 2100 et +5 mètres d’ici 2150) ne peut pas être exclue dans le scénario des émissions les plus élevées en raison d’une grande incertitude concernant la fonte des calottes glaciaires », peut-on lire dans le rapport.

L’activité humaine contribue également aux pics de chaleurs, au niveau de précipitations et de sécheresses extrêmes et des cyclones tropicaux. Des chaleurs extrêmes ont été constatées en Amérique du Nord, en Europe, en Australie, sur de larges zones de l’Amérique latine, dans l’ouest et le sud de l’Afrique, en Sibérie, en Russie et à travers l’Asie. Chaque degré d’augmentation du réchauffement climatique accroît l’intensité et la fréquence de ces chaleurs : « Plus chauds, plus secs, les pics de température qui ont pu ne survenir que de façon aléatoire sans le réchauffement lié à l’activité humaine vont rapidement gagner en intensité et en fréquence avec l’augmentation des températures ».

On peut aussi s’attendre d’une part à des épisodes extrêmes de pluie massive plus fréquents avec des quantités d’eau de plus en plus importantes. D’autre part, les sécheresses seront plus intenses au nord-est de l’Afrique du Sud, pourtour méditerranéen, au sud de l’Australie et à la côte ouest de l’Amérique du Nord. « Ces événements posent un risque particulier car ils laissent souvent aux communautés affectées peu ou pas de temps pour récupérer », souligne le rapport.

Par ailleurs, l’activité humaine a conduit à une augmentation du méthane et du dioxyde de soufre. continuent d’augmenter, commençant à baisser vers le milieu du siècle. Le rapport constate que les concentrations de méthane et de protoxyde d’azote n’ont jamais été aussi élevées au cours des 800.000 dernières années.

Les décideurs politiques face à la nécessité d’agir !

Si les gouvernements souhaitent atteindre les objectifs de l’accord de Paris, ils devront aller plus loin et plus vite que les scénarios envisagés dans le rapport du GIEC de 2018. Pour rappel, il était prévu que les gouvernements réduisent de moitié leurs émissions à l’horizon 2030 pour obtenir une meilleure opportunité de limiter l’augmentation de la température à 1.5°C. Mais, si l’humanité poursuit l’actuelle trajectoire, les seuils de réchauffement de 1,5 °C et 2 °C seront franchis au cours du 21e siècle.

Il y a une urgence à agir, alertent les scientifiques. Pour stabiliser ce réchauffement climatique, il est nécessaire de réduire fortement et rapidement les émissions de gaz à effet de serre, notamment les émissions de méthane. Sa réduction dans l’atmosphère limiterait « l’effet de réchauffement grâce à la baisse de la pollution par les aérosols et amélioreraient la qualité de l’air. […] La réduction des émissions offrirait un fort co-bénéfice qui permettrait d’équilibrer le réchauffement produit à la fin de cet effet de masquage ».

« Les objectifs soumis par les gouvernements dans le cadre de l’Accord de Paris sont insuffisants pour maintenir l’augmentation de la température en dessous de 1,5 °C, voire 2 °C » , a commenté Roxy Mathew Koll, auteur principal du rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère, à l’Institut indien de météorologie tropicale. « Sans exception, toutes les projections climatiques montrent que les événements météorologiques graves deviendront plus fréquents et plus intenses avec l’augmentation des températures, car nous, les humains, ne limitons pas suffisamment nos émissions », a-t-il conclu.

Après ces conclusions, place à la COP26 qui se déroulera à Glasgow (Royaume-Uni) en novembre et qui sera un moment de vérité pour les États et le climat.
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