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POLITIQUES

Yannick Jadot : « Le projet écologique que je porte est un nouveau contrat social »

PUBLIÉ LE 14 FÉVRIER 2022
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTHONY LAURENT
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Yannick Jadot : « Le projet écologique que je porte est un nouveau contrat social »
Fin janvier, Yannick Jadot a présenté officiellement son programme présidentiel « pour une France écologique, sociale et républicaine ». Justice sociale, nucléaire, ISF climatique, lobbies… Le candidat écologiste à l’élection présidentielle défend 120 propositions destinées à « changer la France pour vivre mieux ». Rencontre.

Environnement Magazine : Comment concilier lutte pour le climat et justice sociale ?

Yannick Jadot : Si on se pose cette question, c’est probablement lié au fait que l’écologie est depuis bien trop d’années considérée comme un problème à part et non comme un enjeu global, transversal. Que ce soit sur le social, le logement, l’agriculture, la politique étrangère, l’économie, la justice, l’éducation et même la santé, l’écologie n’a jamais vraiment eu sa place. Pourtant, lorsqu’on met en place une protection sociale émancipatrice qui permet à chacun et chacune de faire un travail qui a du sens, qui rémunère et qui rend plus autonome ; lorsqu’on rénove les logements pour lutter contre la précarité énergétique et réduire l’empreinte carbone du secteur ; lorsqu’on sort de l’agriculture intensive pour aller vers l’agro-écologie ; lorsqu’on prend en compte les enjeux énergétiques et les effets du changement climatique dans l’analyse des tensions internationales ; lorsqu’on adapte les règles de l’économie, on permet de protéger les travailleurs en même temps que la nature, et on oriente toute notre société dans le sens de l’indispensable transition écologique. Lorsqu’on donne à la justice les moyens d’assurer sa mission, on protège l’environnement contre la pollution. Lorsqu’on réforme l’éducation, on aide notre jeunesse à mieux cerner le monde dans lequel elle grandit. Lorsqu’on intègre la dimension environnementale des risques sanitaires, on réduit la pression sur notre système de santé. Donc oui, justice sociale et lutte pour le climat sont intimement liées. Le projet écologique que je porte est un nouveau contrat social qui offre une nouvelle protection et de nouvelles voies d’émancipation dans un monde confronté à l’urgence climatique.

Qu’est-ce que l’impôt sur la fortune (ISF) climatique ? Et comment l’instaurer ?

Les milliardaires français ont plus gagné en 19 mois de pandémie qu’en une décennie, soit 236 milliards d’euros, pendant que 7 millions de français et de françaises ont besoin d’aide alimentaire. Ce n’est pas une pénalisation, mais il est logique que l’investissement privé de ceux qui le peuvent soit orienté efficacement vers la réussite de la transition écologique et sociale. L’ISF climatique cible en priorité les très grandes fortunes. Il se décompose en deux impôts distincts qui se cumulent : une imposition du patrimoine total et une contribution climat. La partie « ISF » s’applique à tout patrimoine supérieur à 2 millions d’euros avec un taux plus important que l’ISF précédent, et une liste de biens taxés plus large, par exemple en y intégrant les biens professionnels qui faisaient l’objet de nombreux évitements fiscaux. La contribution climat encourage l’investissement privé vertueux. Elle fonctionne comme un bonus-malus, tout bien financier ou immobilier polluant sera surtaxé, tout bien vertueux écologiquement moins taxé.

Comment limiter, voire empêcher, l’influence des lobbies dans les politiques publiques ?

Je mettrai en place une grande loi de séparation des lobbies et de l’État pour instaurer une barrière étanche entre le service de l’intérêt général et les intérêts privés. La définition de la prise illégale d’intérêts sera réformée pour empêcher qu’anciens ministres, conseillers ministériels, parlementaires, hauts fonctionnaires, mettent les informations dont ils ont eu connaissance dans l’exercice de leurs fonctions au service d’acteurs privés. La législation relative aux représentants d’intérêts sera réformée pour prévoir une obligation de transparence des agendas des élus, des membres du gouvernement, des directeurs d’administrations centrales et des membres de cabinets ministériels. La loi imposera également de rendre publique, en open data, la liste de l’ensemble des personnes et organisations consultées pour la rédaction d’un rapport parlementaire ou la préparation d’un texte, ainsi que les documents, argumentaires et autres éléments d’information transmis par ces acteurs. Cela est déjà mis en place au Parlement européen, et les effets sont démontrables.

Comment construire des villes durables accessibles à tous les ménages ?

La ville écologiste ce n’est pas une utopie, elle se dessine déjà sous nos yeux. A Grenoble, Lyon, Bordeaux, et dans de nombreuses petites villes, nous transformons les villes et chacun bénéficie des innovations que nous portons. A quoi ressemble-t-elle ? D’abord à une ville de la santé, où nous luttons contre la pollution de l’air et la pollution sonore, où l’alimentation est bio et locale dans les cantines scolaires au bénéfice de tous, où l’on développe le vélo. Grenoble compte 475 km de voies cyclables, la Métropole de Lyon met à disposition 10 000 vélos. C’est une ville où tous les ménages ont des accès de proximité à des espaces verts. Nous avons renforcé les transports en commun gratuits pour les plus précaires, et les places d’hébergement d’urgence, notamment dans les bâtiments publics, comme à Poitiers. Notre programme présidentiel prévoit la création de 700 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans, dont la moitié « très sociaux » et l’encadrement des loyers dans les zones tendues. La rénovation complète des logements sera entièrement financée pour les plus précaires. En soutenant les plus modestes et en travaillant à nous réapproprier l’espace public et à le rendre à tous, les villes durables que nous construisons seront bien plus accessibles et agréables que les villes actuelles.

Comment atteindre 100 % d’énergies renouvelables tout en sortant du nucléaire ?

Un scénario 100 % énergies renouvelables est souhaitable et techniquement faisable. Cela nécessite un investissement massif et le développement de certaines technologies (stockage, régulation, décentralisation du réseau, interconnexions), mais c’est à portée de main et à un coût abordable. Il faut d’urgence rattraper le retard accumulé par les précédents gouvernements. Quel est le problème du nucléaire ? On dit souvent que les écologistes font dans le dogmatique, mais en pariant sur l’EPR, Emmanuel Macron s’obstine dans une voie totalement incertaine. On ne sait pas combien ça va coûter, combien de temps ça prendra à construire ni comment gérer les déchets. Ça fait beaucoup d’inconnues pour quelque chose qui est présenté comme « la » solution aux enjeux climatiques. Par ailleurs, il existe un vrai déni dans la classe dirigeante qui défend le retour en force du nucléaire. Aucune leçon n’a été tirée du fiasco de Flamanville, des incidents en Chine, des problèmes de corrosion dans les derniers réacteurs en service, des problèmes de transparence, du risque majeur de saturation de nos stocks de déchets radioactifs.

Enfin, Emmanuel Macron s’enfonce dans une politique énergétique productiviste, qui néglige complètement la place que devrait prendre la notion de sobriété, alors que ça devrait être au cœur de notre stratégie. Vous imaginez bien qu’on ne va pas remplacer 35 millions de voitures thermiques par 35 millions de voitures électriques, et en particulier des SUV, puisque c’est ce qui se vend le mieux actuellement, ça serait totalement absurde. Mais cet enjeu est un impensé du projet énergétique du Président, et c’est grave. Pour autant, je ne mettrai jamais en danger l’approvisionnement du pays en énergie. S’il faut prolonger la durée de vie des centrales existantes, nous le ferons dans le respect des normes de sécurité.

Qu’est-ce qu’une « République écologique » ? Et pourquoi fusionner le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ?

La République écologique est le berceau du contrat social dont je parlais précédemment. Le premier moment du socialisme, à l’époque de l’industrialisation, fut la compréhension des relations de solidarité sociale entre individus, et leur traduction dans le droit du travail et les institutions démocratiques. Nous en sommes pour l’écologie à ce même moment historique : celui de la compréhension des relations entre les sociétés humaines et leur environnement, qui appelle leur entrée dans le droit et les politiques publiques, et donc à redéfinir notre République. Sur la question des institutions, je souhaite attendre le résultat du processus que nous avons installé. Nous avons constitué un Conseil Citoyen de la démocratie au sein de l’équipe de campagne et consulté des acteurs de la société civile. J’ai à cœur d’institutionnaliser le principe de la démocratie participative, en complément de la démocratie représentative, par une place plus centrale donnée aux citoyens et citoyennes, et aux corps intermédiaires dans la décision publique.

Propos recueillis par Anthony Laurent
 
 
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Article publié dans Environnement Magazine n° 1794.
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