La Cour des comptes souligne la nécessité de prendre en compte les potentiels aléas climatiques dans tous les projets d'installation de nouveaux réacteurs. Crédit : Pixabay
La filière nucléaire française est confrontée à des défis de taille dans les décennies à venir, parmi celles-ci les conséquences du réchauffement climatique sur la sûreté des réacteurs nucléaires, expose un récent rapport de la Cour des comptes.
Le sixième rapport du Giec alerte, une fois de plus, sur le réchauffement climatique, et ses conséquences affecteront à « des degrés divers, mais croissants », les réacteurs du parc nucléaire français actuel. Voici ce qui ressort du dernier rapport publié par la Cour des comptes qui étudie les « effets prévisibles du changement climatique sur le parc nucléaire actuel et sur les nouveaux projets de réacteurs, ainsi que les conséquences de ces évolutions sur la sûreté et l’exploitation ». Focus sur les principaux enseignements.
Le parc nucléaire actuel doit être prolongé puis arrêté, tandis que de nouveaux réacteurs devront être construits dans un contexte où les épisodes de chaleur sont de plus en plus fréquents et intenses. Si les dispositions relatives à la sûreté nucléaire du parc actuel « sont antérieures à l’émergence de la notion de changement climatique », la Cour des comptes appelle désormais à prendre en compte les potentiels aléas climatiques dans tous les projets d’installation de nouveaux réacteurs qui sont susceptibles d’entrer en service « à partir de 2035 et qui fonctionneront ensuite jusqu’en 2100, voire au-delà » pour assurer la sûreté et la production nucléaire. Parmi ces facteurs, la Cour note l’importance des paramètres physiques tels que la température de l’air et de l’eau, la sécheresse et les étiages sévères, le niveau marin, ainsi que les phénomènes climatiques extrêmes.
Une adaptation, mais à quel coût ? Celle-ci demeure « modeste » en termes d’investissements, de l’ordre du milliard d’euros pour la période passée et d’environ 600 millions pour les quinze prochaines années, souligne le rapport.
Appréhender la contrainte hydrique
Outre la sûreté, le changement climatique peut également avoir un impact sur la production nucléaire. Associées à des épisodes de canicule et de sécheresse, les normes environnementales de prélèvements d’eau et de rejets thermiques de chaque site, peuvent contraindre l’exploitation du parc et réduire sa disponibilité et sa production, en particulier pour les sites thermosensibles en bord de fleuves. « Les pertes de production qui en résultent sont en moyenne d’environ 1 % par an et les risques d’indisponibilité en cas de canicule ou de sécheresse ne concernent que six sites. Mais ces indisponibilités sont concentrées sur des périodes courtes et peuvent avoir des conséquences importantes sur la production et la fourniture d’électricité », apprend-on du rapport.
Une situation qui nécessite pour l’État de mieux « appréhender la contrainte hydrique » pour les centrales nucléaires en poursuivant les études sur l’évolution quantitative et qualitative de la ressource en eau, abonde la Cour des comptes.