Le 3 avril dernier, l’Institut français de la Mode accueillait dans ses locaux du 13e arrt parisien, la troisième édition de la Journée de la Mode Circulaire. Placé sous le haut patronage des ministères de la Transition écologique et de la Culture, l’évènement organisé par la Fédération[1] de la Mode circulaire (FMC) a réuni un grand nombre d’acteurs du secteur de la mode et du textile, autour de cet enjeu crucial qu’est la circularité, pour cette filière à l’empreinte environnementale majeure. Des acteurs qui ont ainsi, notamment, pu découvrir l’étude dévoilée à cette occasion par FMC aux côtés du cabinet de conseil et d’audit qui en a assuré la co-rédaction, KPMG.
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Agir à la source
Derrière le premier d’entre eux, « réinventer », se cache tout d’abord la nécessité d’inciter les fabricants de textiles à éco-concevoir leurs produits, à choisir des sources d’approvisionnement en matières premières plus durables, et à miser sur une production optimisée, évitant le gaspillage à la source. « L’éco-conception est la base de tout », estime ainsi Pierre-Nicolas Hurstel, fondateur d’Arianee[3], cité dans l’étude. Mina Bishop, experte de KPMG coautrice de l’étude, abonde dans le sens de l’entrepreneur : « Pour soutenir une vraie croissance des modèles économiques circulaires, il est nécessaire de repenser la conception des produits afin qu’ils soient faits pour durer ».
Offrir une seconde vie aux textiles
Deuxième axe développé dans ce document dévoilé par la FMC : la réutilisation. Un pan majeur, là aussi, de la mode circulaire, qui se développe notamment à la faveur de l’essor des plateformes de revente entre particuliers. « En 2022, la réutilisation de produits textiles a permis d’éviter l’émission d’environ 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 à l’échelle européenne », soulignent ainsi les rédacteurs de l’étude, qui mettent toutefois en garde contre un possible « effet rebond » : « Cela se manifeste lorsque les avantages environnementaux de la revente sont compensés par une augmentation de la consommation — en particulier lorsque la mode express inonde le marché avec des produits à bas prix, susceptibles d’encourager les achats superflus ».
Troisième point développé dans l’étude, la réparation apparaît elle aussi comme un levier majeur de réduction de l’empreinte environnementale de la mode. Une pratique dont la France est d’ailleurs à l’avant-garde, notamment grâce à l’extension, en novembre 2023, du « bonus réparation » aux produits textiles.
Du vêtement… au vêtement
Dernier aspect enfin, et pas des moindres, le recyclage est à son tour présenté dans l’étude menée conjointement par la FMC et KPMG comme un levier crucial de circularité de la mode. En témoigne notamment un chiffre mis en avant dans le document : 12 %, le taux de collecte moyen des déchets textiles en Europe…
Si des efforts restent donc à faire en amont de la filière, son aval conserve lui aussi une marge de progression substantielle, avec une part de seulement 2 % des déchets textiles collectés bénéficiant d’un recyclage en boucle fermée, « textile-to-textile ». Et pour cause : l’approche la plus répandue aujourd’hui, le recyclage mécanique, est loin d’être la plus adaptée. Pour y remédier, une autre voie émerge cependant, suscitant bien des espoirs : celle du recyclage chimique, incarnée par des acteurs tels que la jeune pousse lyonnaise Recyc’Elit, qui a notamment noué, l’an dernier, un partenariat stratégique avec l’un des grands noms du textile en France : Decathlon.
Une marque d’ailleurs citée en exemple dans l’étude dévoilée le 3 avril dernier par la FMC et KPMG, pour l’approvisionnement en coton issu du recyclage sur lequel elle mise depuis quelques années. Un exemple parmi d’autres des petits pas effectués par les acteurs du secteur de la mode, en direction d’un modèle plus circulaire et plus durable. La FMC, toutefois, ne le cache pas : « Le passage à l’échelle de la mode circulaire nécessitera une mobilisation coordonnée de l’ensemble des parties prenantes – des marques aux régulateurs, en passant par les distributeurs, les réparateurs, les innovateurs et les citoyens ».
[1] Rassemblant plus de 270 adhérents, la Fédération de la Mode circulaire vise à promouvoir la circularité dans l’industrie de la mode et à soutenir ses acteurs dans la transition vers un modèle plus durable.
[2] State & prospects of circular fashion in Europe, en version originale.
[3] Entreprise à l’origine du développement d’un système de passeport numérique destiné notamment aux objets de seconde main.
[2] State & prospects of circular fashion in Europe, en version originale.
[3] Entreprise à l’origine du développement d’un système de passeport numérique destiné notamment aux objets de seconde main.