Camille Lezy, responsable pôle Audits et Analyses chez Helexia France. Crédit : Helexia
À l’heure où la sobriété énergétique est dans tous les esprits, l’audit énergétique réglementaire s’impose comme un levier fort pour les organisations qui souhaitent faire des économies énergétiques mais aussi financières. Tribune signée par Camille Lezy, responsable pôle Audits et Analyses chez Helexia France.
Le gouvernement a présenté, le 6 octobre dernier, son plan de sobriété énergétique. Au prix d’efforts collectifs, l’ambition affichée est de réduire de 10 % la consommation d’énergie dans les deux ans à venir et de sortir durablement le pays de la dépendance aux énergies fossiles. Dans cette optique, et face à la situation de tension énergétique vécue par la France depuis maintenant plusieurs mois, les pouvoirs publics demandent aux professionnels de changer leurs habitudes et de traquer le moindre gaspillage.
Une obligation légale pour les grandes entreprises
L’accès à l’énergie et son prix sont plus que jamais des enjeux de compétitivité. Les dirigeants cherchent des solutions innovantes et efficaces pour faire baisser leur consommation, accompagner leur transition énergétique et rester en conformité à l’approche de l’échéance du prochain audit énergétique, prévu en décembre prochain. En effet, les grandes entreprises ont l’obligation réglementaire de réaliser ou faire réaliser un audit énergétique de leurs installations tous les 4 ans.
L’objectif de cet audit énergétique, qui concerne les entreprises de plus de 250 salariés enregistrant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros et un bilan supérieur à 43 millions d’euros sur deux années consécutives, est de mesurer avec précision les performances énergétiques d’un bâtiment en étudiant la structure de ce dernier, l’état de son isolation thermique, sa consommation énergétique, le système de chauffage, le système de production d’eau chaude sanitaire, la ventilation et l’éclairage, etc.
Certaines entreprises en sont exemptées de cette obligation : celles qui sont en conformité avec la norme NF EN ISO 50001 pour 80 % de leurs factures, et qui détiennent une certification ISO 50001 en cours de validité ou un rapport d’audit énergétique datant de moins de 4 ans. Les organisations dont la certification ISO 50001 n’est plus valide et les nouvelles structures disposent d’un délai de 6 mois pour réaliser un audit énergétique, faute de quoi elles s’exposent à des sanctions financières.
Un atout pour la compétitivité et l’image des entreprises
Même si elles sont variables d’un secteur à l’autre, les dépenses liées à l’énergie représentent le deuxième poste de coûts dans une entreprise. L’audit énergétique représente donc une étape clé pour réduire, parfois drastiquement, les coûts liés à la consommation d’énergie en permettant d’identifier les pertes et de mettre en place des solutions d’optimisation durable. La mise en œuvre des recommandations proposées à l’issue de l’audit peut permettre à l’entreprise d’effectuer jusqu’à 50 % d’économies d’énergie. En parallèle, la sensibilisation et l’adoption d’écogestes par tous les membres de l’entreprise au quotidien peut contribuer à réduire son impact énergétique.
Véritable levier d’économies et de compétitivité pour les organisations, la réduction de la consommation énergétique leur permet en outre de s’inscrire dans une politique RSE vertueuse et positive pour l’image de l’entreprise en interne comme en externe.
Un process à anticiper dès maintenant !
L’audit énergétique peut être réalisé par une entreprise spécialisée et certifiée via l’Organisme Professionnel de Qualification de l’Ingénierie Bâtiment et Industrie (OPQIBI), le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), ou AFNOR CERTIFICATION. L’audit peut également être réalisé par un professionnel en interne dans l’entreprise qui justifie des compétences requises.
L’audit énergétique réglementaire se déroule en cinq étapes principales : la collecte et la préanalyse des documents relatifs à la consommation d’énergie, tels que les factures des trois dernières années, les comptes-rendus des activités de maintenance et les DOE (Dossier des Ouvrages Exécutés) des installations ; la visite du ou des sites de l’entreprise ; l’analyse des données et des rapports de visites ; la recherche des solutions à court, moyen et long terme, le chiffrage des investissements et du retour sur investissement ; et enfin, la remise du rapport, la présentation des résultats, l’accompagnement et le suivi.
Le rapport d’audit énergétique doit inclure un certain nombre d’informations précises pour respecter les normes réglementaires : les informations générales sur l’entreprise et les bâtiments audités, tels que les surfaces et caractéristiques des bâtiments et un aperçu des équipements utilisés, le bilan des consommations énergétiques par utilisation, y compris les types d’énergies utilisées et leurs coûts, un plan d’action détaillé pour améliorer les performances énergétiques de l’entreprise comprenant les travaux et les investissements nécessaires, les projections d’économies d’énergie possibles et les taux de rentabilité interne ainsi que les éventuels impacts sur le bâtiment. Le rapport doit être déposé sur une plateforme dédiée gérée par l’ADEME et être conservé par l’entreprise pendant au moins 8 ans avec un numéro de certificat déterminé si l’audit est réalisé en externe.
Pour être efficace, obtenir des résultats concrets et générer des économies, il est important de bien préparer l’audit en amont, de définir des objectifs clairs et d’assurer en interne la promotion de la sobriété énergétique. Mais si l’audit énergétique est une obligation réglementaire et une nécessité pour la transition énergétique des entreprises, il ne constitue qu’une première étape qui ne peut, à elle seule, suffire à atteindre une sobriété énergétique durable.