La France continue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre en 2022, mais « le rythme de cette baisse reste insuffisant pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 », estime le Haut conseil pour le climat dans son nouveau rapport.
Accélérer le rythme de la transition. Tel est le mot d’ordre qui ressort du dernier rapport dévoilé par le Haut conseil pour le climat. Après avoir démarré son rapport en dressant le bilan d’une situation climatique alarmante en France, l’instance évoque la nécessité d’une politique économique d’ampleur qui permettra de favoriser l’essor d’une économie bas-carbone. « Il est impératif de traduire rapidement l’adoption de la réglementation du paquet Fit for 55 de l’Union européenne en mesures concrètes, tout en recherchant de nouvelles sources de financement en France et en Europe », commente le HCC.
Malgré la construction du cadre d’action des politiques publiques pour le climat, l’adaptation au changement climatique doit évoluer. Actuellement axée sur une approche « réactive », celle-ci doit devenir « transformatrice » en se reposant sur les conséquences climatiques en France, y compris celles liées aux saisons et aux événements extrêmes. Le Haut Conseil pour le Climat recommande ainsi de renforcer les dispositifs de gestion de crise en tenant compte de l’exposition aux risques climatiques, notamment en termes de ressources humaines et logistiques. « Il est essentiel d’identifier les territoires, les populations et les activités les plus vulnérables afin de mettre en place des dispositifs d’accompagnement, en particulier pour les inévitables relocalisations ». Une attention particulière doit également être accordée aux territoires des outre-mer.
Il est essentiel de compléter les études pour évaluer les trajectoires d’adaptation dans tous les domaines sensibles au climat. Les enseignements tirés de l’année 2022 doivent être utilisés pour se préparer à des situations similaires et limiter ainsi le recours à « des mesures d’urgence exceptionnelles ». Il est également important d’identifier et de planifier le suivi des limites capacitaires en France métropolitaine et Outre-mer, en prenant en compte les « contraintes biogéophysiques affectant les ressources telles que l’eau et la biomasse ». Il convient de mettre en évidence les territoires et les secteurs d’activités où l’augmentation de l’exposition et/ou de la vulnérabilité ne peut être ni arrêtée, ni maîtrisée.
Une politique économique claire est nécessaire pour atteindre les objectifs à court terme (2030) et parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, tout en garantissant l’équité. Cela inclut des mesures budgétaires, fiscales, commerciales, industrielles et en matière d’emploi. « Il est essentiel de revoir la fiscalité sur les énergies fossiles » afin d’aligner efficacement les tarifs sur les objectifs climatiques. De plus, « les recettes fiscales résultant de la décarbonation de l’économie doivent être prises en compte dans la planification des finances publiques », peut-on lire dans le rapport.
Des recommandations par secteur
De nouvelles recommandations spécifiques par secteur ont été formulées. Dans le domaine de l’énergie, il est crucial de sortir du charbon pour la production d’électricité en France, tout en prévoyant une réserve de capacité stratégique basée sur des sources d’énergie moins carbonées. Une évaluation ex-post du bouclier tarifaire et de la gestion des crises énergétiques doit également être réalisée. Dans le secteur des transports, le suivi des obligations d’électrification des flottes de véhicules doit être assuré, et des mesures fiscales doivent être mobilisées pour accélérer la transition vers des véhicules électriques. Une meilleure information sur les émissions tout au long du cycle de vie des véhicules doit également être fournie aux consommateurs.
Pour le secteur de l’agriculture et de l’alimentation, il est préconisé d’identifier les aides ayant un objectif ou un effet climatique, renforcer les aides ciblées et suivre l’évolution de la consommation d’engrais minéraux azotés. Il conviendrait également selon le HCC d’utiliser les incitations à l’installation pour encourager les projets agricoles durables et « de promouvoir une alimentation plus durable et favorable à la santé ».
En ce qui concerne le secteur forestier, il est conseillé de « recalibrer les objectifs de réduction des émissions liées à la déforestation et d’accroître les actions d’adaptation des forêts au changement climatique ». Il serait également nécessaire de mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée et d’établir des cibles de réduction de la consommation de produits importés issus de la déforestation.