Le « projet Manhattan » a été à l’origine de la création de la première bombe atomique aux Etats-Unis, grâce à une mobilisation sans précédent du monde de la recherche et de l’industrie. Des scientifiques appellent à une initiative similaire en faveur de l’écologie.
Cette fois il ne s’agirait pas de tuer mais de protéger la vie sur Terre. Un collectif de scientifiques français a publié le 25 septembre, dans le journal Le Monde un appel à la création d’un centre de recherche en lien avec l’industrie, à l’image du « projet Manhattan », qui avait conduit cinq ans après son lancement à la fabrication de la bombe atomique, grâce à la mobilisation aux Etats-Unis de la science la plus avancée, d’une centaine de milliers d’hommes et de femmes, de laboratoires et d’usines de raffinage au milieu de la Seconde Guerre mondiale. « Si l’homme est capable de telles prouesses pour la destruction, il peut l’être aussi pour le bien commun en temps de paix » afin « d’éviter des millions de morts » , note le collectif, qui compte dans ses rangs le Prix Nobel de physique Alain Aspect, ainsi que des économistes, biologistes, et autres scientifiques de tous horizons. « Nous […] appelons à la mise en œuvre d’un projet Manhattan de la transition écologique. La France, et plus largement l’Europe, peut le réaliser. », estiment-ils.
L’objectif est de créer un centre de recherche et d’innovation dédié au développement des outils scientifiques et technologiques pour la transition, en lien avec le monde académique et industriel à l’échelle international.
Donner des moyens humains et financiers à la transition
La tribune déplore le manque de moyens, alors que les technologies censées nous accompagner dans l’atteinte des objectifs climatiques sont encore balbutiantes. « L’Agence internationale de l’énergie (IEA) nous alerte : 40 % des technologies nécessaires à la transition environnementale ne sont pas à un niveau de maturité suffisant, précisent les chercheurs. L’agence donne l’exemple de l’électrolyse de l’eau de mer pour la production d’hydrogène, des batteries au sodium, de la captation ou conversion du CO2 ou encore du stockage de la chaleur. Malheureusement, bien loin de contribuer à la transition, nombre de ces « technologies stratégiques » sont encore au stade d’expériences de laboratoire menées par quelques scientifiques aux moyens modestes. », se désolent les auteurs.
Ils estiment que ce hub scientifique et technologique aurait une durée de vie d’environ 25 ans et nécessiterait une première enveloppe d’un milliard d’euros.