Dans cette tribune, Sebastien Nunes, président de Climateseed, souligne l’importance selon lui de s’appuyer sur l’action collective et l’innovation pour relever les défis posés par le changement climatique.
La COP 28 est cruciale tant pour les États que pour les entreprises, jouant un rôle déterminant dans la lutte mondiale contre le changement climatique. Huit ans après la signature de l’Accord de Paris, cette conférence vise à conclure les travaux du premier bilan mondial des engagements climatiques pris par les États. La COP 28 est particulièrement importante pour les entreprises. Le nouvel accent sur la transition énergétique et la sortie des énergies fossiles met en lumière le rôle crucial des entreprises dans la lutte contre le changement climatique. Les entreprises publiques, contrôlant une part significative de la production mondiale de pétrole et de gaz, sont sous le regard attentif de la communauté internationale. Chaque année, nous parlons de la COP et chaque année nous espérons que des réformes y soient vraiment faites.
Mais le temps passe sans que des mesures concrètes soient prises. Nous devons impérativement agir d’ici 2030 pour réduire les émissions mondiales de 43 % (GIEC) et nous ne sommes plus qu’à 6 ans de cette échéance.
Les attentes pour la COP 28 portent sur des changements profonds et significatifs pour répondre aux besoins des pays et populations les plus affectées par le changement climatique, ainsi que sur la nécessité de mobiliser des milliards de dollars d’ici 2030. Si, depuis son lancement, la situation n’a pas foncièrement changé et les émissions globales sont toujours en train d’augmenter, les enjeux, eux, sont bien réels : accélérer la sortie des énergies fossiles, élaborer le premier "Bilan Mondial" basé sur les rapports du GIEC, augmenter le financement d’initiatives environnementales et favoriser le développement des énergies renouvelables.
Nous espérons que des politiques novatrices soient mises en place, qui vont au-delà des engagements existants et que des mécanismes de financement climatique robustes soient alignés avec les objectifs d’émissions nettes nulles d’ici 2050 (GIEC). Les enjeux cruciaux, tels que l’adaptation aux impacts inévitables du changement climatique, doivent également avoir une place centrale dans les délibérations. Nous formulons nos attentes envers la COP 28, non seulement en termes de nouvelles politiques, d’engagements plus ambitieux, mais également en plaidant pour que des mesures concrètes soient prises afin de donner lieu à des actions tangibles.
Les délibérations de la COP doivent mieux favoriser l’action collective qui est la condition sine qua non de notre réussite. Il est impératif d’encourager la coopération entre les gouvernements, les entreprises et la société civile. Dans cette perspective, les discussions vont continuer et les décisions devraient se concentrer sur l’Article 6 de l’Accord de Paris qui vise à créer des mécanismes permettant aux pays de collaborer dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La COP 28 représentera une opportunité cruciale pour finaliser les règles et les modalités de mise en œuvre de cet article, posant ainsi les bases d’une coopération internationale efficace. Concrètement, le défi sera de concilier les intérêts divergents des nations tout en garantissant l’intégrité environnementale des actions entreprises et la justice climatique. La transparence, la comptabilité et la gouvernance seront au cœur des débats pour assurer l’efficacité des mécanismes proposés.
La COP 28 soulignera aussi l’importance du financement pour stimuler l’innovation climatique qui doit se concentrer sur la réduction des émissions au sein de la chaîne de valeur des entreprises. Ces dernières peuvent donc jouer un rôle crucial en investissant dans des technologies propres pour réduire leur empreinte carbone et décarboner leur chaîne de valeur. Elles peuvent également contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris en soutenant des projets de séquestration ou d’évitement des émissions au-delà de leur chaîne de valeur. Mettre l’accent sur la notion de "Beyond Value Chain Mitigation" est nécessaire pour explorer des solutions novatrices qui vont au-delà de la simple réduction des émissions, ouvrant la voie à une transformation profonde des systèmes.
Enfin, la gouvernance, la transparence, et la coopération sont les piliers de notre crédibilité climatique. Des mécanismes robustes doivent être mis en place pour garantir que les pays respectent leurs promesses. C’est déjà le cas pour les entreprises, où une transparence accrue est désormais devenue obligatoire. L’intensification des actions vers un avenir durable commence à la COP 28, mais elle ne s’arrête pas là. Il s’agit d’un engagement continu de toutes les parties prenantes et d’une vision audacieuse pour un avenir que nous avons le devoir et le pouvoir de construire ensemble pour mitiger les effets du changement climatique.