Michel Barnier, alors négociateur du Brexit (2019) / Crédits : Parlement européen
L’ancien ministre de l’Environnement et de l’Agriculture a porté des mesures structurantes (loi Barnier, plan Ecophyto…) en matière d’écologie, sans pour autant convaincre les associations écologistes.
Emmanuel Macron a nommé le 5 septembre Michel Barnier au poste de Premier ministre. Le membre du parti Les Républicains est notamment connu pour avoir été ministre de l’Environnement et de l’Agriculture.
Successivement député de la Savoie (1978) et président du conseil général de la Savoie (1982), Michel Barnier, auteur du rapport parlementaire Chacun pour tous et cent propositions pour l’environnement, est nommé ministre de l’Environnement sous François Mitterrand. Il fait voter en 1995, une loi devenue structurante en matière d’écologie, la loi Barnier, « relative au renforcement de la protection de l’environnement ». La loi a notamment permis la création de la Commission nationale du débat public, chargée d’organiser la participation du public aux décisions relatives aux grands projets d’aménagement ayant un impact sur l’aménagement du territoire et l’environnement. La loi Barnier est également à l’origine des « plans de prévention des risques naturels prévisibles » et du « fonds Barnier », permettant de subventionner des mesures de prévention face aux risques naturels majeurs (travaux, ou rachat des bâtiments par les collectivités).
Le texte a également introduit le principe de précaution, visant à prendre des mesures préventives pour éviter les risques pour l’environnement. Le concept a ensuite été élargi à la santé et à la sécurité des aliments, notamment suite à la crise de la vache folle dans les années 90.
Un plan ambitieux de réduction des pesticides
Michel Barnier devient ministre de l’Agriculture et de la Pêche sous Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2009.
Il lance l’objectif de réduction de 50 % de la quantité de pesticides, dans le cadre du plan Ecophyto. « Nous devons admettre que Michel Barnier, en tant que ministre de l’Agriculture, a su résister aux pressions, notamment celles de la FNSEA, durant les négociations du Grenelle sur les pesticides. Il a maintenu les objectifs de réduction des pesticides du Plan Ecophyto et son indicateur de référence, le NODU », a réagi l’association Générations Futures quelques heures après la nomination du nouveau Premier ministre.
Michel Barnier a également proposé en 2007 un plan de relance de l’agriculture biologique ou encore le plan de performance énergétique des exploitations agricoles, visant à réduire la facture énergétique des exploitations. « À cette époque, il avait également ouvert son ministère aux associations environnementales, rompant ainsi avec la seule cogestion traditionnelle entre l’État et les syndicats agricoles dominants », ajoute Générations Futures, qui appelle Michel Barnier à réexaminer « les décisions de son prédécesseur Gabriel Attal », qui a « cédé sans concertation aux lobbies agrochimiques ». Les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA ont adressé dans un communiqué leurs félicitations au nouveau Premier ministre, et l’ont appelé « à placer l’agriculture dans les priorités immédiates ».
Une nomination décriée par la gauche et les écologistes
La nomination de Michel Barnier est largement critiquée dans les rangs de la gauche et des écologistes. Jean-Luc Mélenchon accuse notamment Emmanuel Macron de « nie[r] officiellement le résultat des élections législatives ».
Si Greenpeace note « un intérêt sincère de Michel Barnier pour les problématiques environnementales et un bilan concret sur ces sujets (création de la commission nationale du débat public, loi Barnier inscrivant le principe du pollueur payeur dans la loi ainsi que la mise en place du fonds d’aides aux collectivités pour faire face aux catastrophes naturelles) », l’ONG « doute de sa capacité à répondre concrètement et rapidement aux impératifs dictés par la crise écologique actuelle ». Selon l’association, la nomination « s’inscrit dans la continuité d’une politique ultra-libérale », « incompatible avec les enjeux de transformation radicale de notre système économique ». Le Réseau Action Climat craint également que Michel Barnier « ne fasse pas de la transition écologique une priorité ».
En 2021, il avait comparé sur Europe 1 Eric Zemmour aux militantes écologistes et féministes Greta Thunberg et Sandrine Rousseau, les accusant d’être « toujours en train d’exploiter la peur des gens ».
Quoi qu’il en soit, les amputations annoncées par le gouvernement démissionnaire dans les budgets de la transition écologique (Fonds Vert, rénovation énergétique, électrification des véhicules, biodiversité…) dans le cadre du projet de loi finance 2025, laissent présager des reculs importants en matière d’écologie et d’adaptation au réchauffement climatique.