L'exploitant passe, la dépollution reste. Engagées depuis trente ans dans la résorption de la pollution saline causée par leur activité sur la nappe phréatique pendant près d'un siècle, les Mines de potasse d'Alsace ( MDPA) transmettront le flambeau en 2009 au BRGM, a annoncé ce dernier en octobre lors d'une journée de bilan des travaux entrepris. Déjà impliqué dans ce chantier à travers ses travaux de modélisation, l'établissement public achèvera alors la dernière tranche d'une dépollution largement entamée. Sur un total prévu de 65 millions d'euros, 56 millions (dont 60 % d'aides, essentiellement de l'agence de l'eau Rhin-Meuse) ont déjà été engagés depuis la fin des années 1980. L'enveloppe a été employée à financer des travaux qui ont permis d'accélérer la dissolution, d'étancher quinze terrils qui accumulaient encore plus de 8 millions de tonnes de sel et d'extraire 2,4 millions de tonnes déjà infiltrées dans la nappe. « La dissolution sera achevée dès 2009, alors qu'elle aurait mis plus d'un siècle de façon naturelle », rappelle Jean-Pierre Rulleau, directeur des MDPA. Le BRGM améliorera la vision des poches d'eau salée grâce à des outils dernier cri combinant mesure de la résistivité électrique et résonance magnétique phonique. Il surveillera l'évolution des teneurs. Mais il héritera d'un dossier en très bonne voie. En trois décennies, la « langue salée », cette portion de nappe où la concentration en chlorures dépasse la norme de potabilité de 250 mg/l, s'est réduite de 130 à 46 km². De quoi espérer atteindre un bon état écologique à l'échéance 2015 de la directive-cadre sur l'eau, au moins pour les couches les moins profondes.