L'environnement avait déjà en commun avec la psychologie d'observer moult comportements schizophréniques (chez les sujets fort peu écoresponsables se pensant au contraire éminemment Kyoto-compatibles). Le voilà qui lui emprunte aussi le concept de résilience. Utilisé également en physique des matériaux, il désigne la faculté d'un écosystème à recouvrer son état d'origine après un traumatisme, par exemple un feu, une pollution toxique ou un stress climatique. Le Cemagref a profité des incendies qui ont ravagé les forêts grecques cet été pour le remettre au goût du jour et présenter ses recherches sur le sujet. Et un constat s'impose : c'est moins le degré de gravité d'un événement que la répétition de cet événement, dans un temps court à l'échelle d'un écosystème, qui affecte sa résilience. Ainsi la canicule de 2003 a sérieusement secoué la forêt méditerranéenne. « Cet épisode a été suivi de quatre années de stress hydrique, avec une pluviométrie réduite de moitié. La taille et le nombre des aiguilles des pins d'Alep sont très réduits, constate Michel Vennetier, au Cemagref d'Aix-en-Provence. Idem pour le chêne-liège. « Normalement, cette espèce se régénère très bien après un incendie. Son écosystème est dit auto-successionnel. Le problème, c'est la durée de retour de l'incendie. L'intervalle est trop court pour amorcer la régénération », poursuit son collègue Thomas Curt. « Au XXIe siècle, la productivité des arbres va s'effondrer », en déduit Michel Vennetier.