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POLLUTIONS

Vigilance sur les milieux

PUBLIÉ LE 1er MAI 2008
LA RÉDACTION
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Fin 2007, le dernier bilan de l'Ifen a confirmé un état avancé de contamination des masses d'eau françaises par les pesticides, touchant 91 % des points de mesure des cours d'eau et 55 % des points de mesure des nappes. Pas étonnant quand on sait que la France est, avec 76 000 tonnes par an de matières actives utilisées en 2004, le premier consommateur européen de phytosanitaires, ces pesticides utilisés pour protéger les végétaux en zone agricole et non agricole. Que retrouve-t-on dans nos rivières ? Une majorité d'herbicides, glyphosate et AMPA, son principal produit de dégradation, diuron, atrazine et ses métabolites un produit interdit en France depuis 2003. Pour publier ces données, l'Ifen s'appuie sur deux réseaux d'observation : les réseaux nationaux de bassin, mis en oeuvre par les agences pour le suivi patrimonial de la qualité des eaux, et les réseaux régionaux phytosanitaires (Diren, Draf-SRPV ou conseils généraux), créés sur des bassins-versants prioritaires dans une logique d'évaluation des impacts. La directive-cadre sur l'eau (DCE) les fait aujourd'hui basculer vers une surveillance réglementaire, avec multiplication et pérennisation du nombre de mesures (plus de 1 600 points en eaux superficielles et souterraines) et espacement de la fréquence des campagnes, d'un à trois ans. « Travailler avec un réseau stabilisé va enfin nous autoriser à dégager des tendances », souligne Christian Feuillet, chef de l'unité état des milieux à l'Ifen. À l'heure actuelle, les analyses de routine réalisées par ces réseaux s'appuient sur des échantillonnages actifs ponctuels. Une méthode opérationnelle et peu coûteuse, mais qui peut manquer de représentativité. À Bordeaux, le Cemagref travaille depuis 2004 sur l'élaboration d'une méthode de prélèvement par échantillonnage passif, dite Pocis. Placé dans une rivière, l'échantillonneur est capable de piéger les polluants en continu pendant un mois grâce à sa membrane sélective, avec une détection plus efficace de certains produits comme le diuron. Pollution de l'air, le tableau s'affine « En fait, la majorité des pesticides sont peu mobiles dans les sols et sont entraînés d'un seul coup dans les eaux par de grosses pluies. Un échantillonnage mensuel réalisé en quelques secondes a donc peu de chances de détecter ces pics », explique Nicolas Mazzella, qui pilote cette étude. Le développement de tels capteurs pourrait également participer à l'amélioration des bio-indicateurs, qui quantifient l'état écologique des eaux dans le cadre de la DCE. « Le suivi en continu des concentrations de pesticides nous permettrait de chercher un lien avec le nombre de formes anormales d'algues », souligne Michel Coste, spécialiste des diatomées au Cemagref. Car l'un des enjeux actuels en matière de bio-indication est d'obtenir des indices plus spécifiques des différents polluants du milieu aquatique pour offrir des diagnostics précis. Autre application d'actualité en mesure de pesticides : le suivi de la contamination de l'air. Contrairement à l'eau dont la surveillance a été tirée par la réglementation, aucune mesure n'est encore obligatoire dans l'atmosphère. Mais, depuis 2000, les associations agréées pour la surveillance de la qualité de l'air (Aasqa) ont lancé des campagnes de mesure, qui ont couvert 17 régions métropolitaines en 2006. La même année, au printemps, Airparif, l'Aasqa francilienne, a aussi lancé sa première étude exploratoire. Sur 80 pesticides recherchés sur la base des profils agricoles de la région et de la saison, 30 ont été détectés : lindane (interdit comme phytosanitaire depuis 1998), trifluraline, chlorothalonil... « Le profil de la contamination de l'air n'est pas du tout le même que celui des eaux. L'atrazine ou le glyphosate sont quasi absents du tableau, mais on détecte des polluants persistants comme le lindane », observe Pierre Pernot, d'Airparif. Soutenue par la Région Centre, Lig'Air a investi le sujet dès 2000, avant de pérenniser en 2006 la surveillance des 50 mêmes pesticides sur cinq sites permanents, urbains et agricoles (lire EM n° 1660 p. 10). Mais comment donner du sens aux mesures en l'absence de seuil réglementaire ? « Nous avons créé un indicateur associant la concentration hebdomadaire de pesticides à un facteur de toxicité (la dose journalière admissible). Ce qui nous renseigne sur l'exposition des personnes et fournit un bon moyen de comparaison entre les sites », explique Olivier Pétrique, chez Lig'Air. Les Aasqa réfléchissent d'ailleurs à élaborer une liste commune des pesticides à suivre à partir de laquelle bâtir un indicateur national. Elles pourraient s'aider dans cette tâche de la méthode Sph'air créée par l'Ineris pour hiérarchiser les pesticides à mesurer dans l'air. Déclinaison de l'outil d'aide à la décision Siris, qui classe les pesticides prioritaires dans les eaux, Sph'air tient compte en plus du risque. « Les deux méthodes n'ont pas la même finalité. Siris s'adresse plutôt aux services de contrôle sanitaire (Ddass, SRPV) qui l'utilisent pour orienter leurs mesures dans les eaux. Dans l'air, l'absence de norme donne de l'intérêt à une information intégrant le risque sanitaire », souligne Anne-Christine Le Gall, à l'Ineris. Sur le terrain, des outils pour agir Au Cemagref, Bernadette Ruelle s'intéresse à la maîtrise des pertes dans l'environnement. « Contrairement aux pollutions des eaux, plus localisées, il est très difficile de situer la source d'une pollution de l'air », explique-t-elle. Des études sont donc menées en milieu contrôlé pour modéliser les aspersions de pesticides de la buse à la parcelle et tester les scénarios les moins émetteurs. Le groupe de travail Phyt'air, qu'elle préside au Comité d'orientation pour des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement (Corpen), tente de dresser l'état des connaissances sur les pesticides dans l'air et d'en tirer des recommandations pour les agriculteurs. Sur l'eau, les outils de prévision du risque s'affûtent. Comme Phytopixal, un indicateur du Cemagref croisant dans un système d'information géographique des données sur la vulnérabilité du milieu et la pression agricole liée aux phytosanitaires. Il permet de visualiser à différentes échelles de territoire les zones les plus exposées à un risque de pollution par les pesticides et de calculer les flux théoriques de contamination. En parallèle, des actions se mettent en place sur le terrain. L'association Aqui'Brie a été fondée en 2001 par le Comité d'usagers de la nappe des calcaires de Champigny (77) autour de la protection de cette ressource sensible, qui alimente un million de Franciliens. Pour suivre l'évolution de sa qualité, elle a créé le réseau de mesure Qualichamp et analysé sur huit ans 212 paramètres, dont 132 pesticides. Son constat : plus de 80 % de la pollution est liée aux herbicides. L'association a donc mené des actions préventives en direction des principaux utilisateurs, agriculteurs et collectivités. En zone non agricole, elle se mobilise avec le groupe régional Phyt'eaux propres, piloté par la Diren, sur l'utilisation plus rationnelle des phytosanitaires dans les services municipaux (espaces verts, voirie) et sur le développement de techniques alternatives (désherbage manuel, thermique et couverture végétale des sols). Fin 2007, elle comptait 84 diagnostics et 53 formations à son actif. Ces plans de désherbage raisonné ont également été déployés par le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Phyt'Eaux Cités) et, en province, par la Fédération nationale de lutte contre les organismes nuisibles. Globalement, la démarche « zéro phyto » conquiert aujourd'hui de nombreuses agglomérations. Des soutiens particuliers Pour soutenir les agriculteurs, les acteurs concernés, Aqui'Brie comme les groupes régionaux d'action contre la pollution phytosanitaire des eaux (Draf, Diren, agences) et les chambres d'agriculture proposent formations, diagnostics et plans d'action à l'échelle des bassins-versants. Diminution de la pression parasitaire, équipement des exploitations en locaux phytosanitaires, aménagements parcellaires contre le ruissellement des eaux, passage à l'agriculture biologique, autant d'actions qui peuvent être contractualisées au sein de mesures agro-environnementales (MAE) aidées par l'État. En Seine-et-Marne, 24 agriculteurs sur les 300 situés en zone prioritaire se sont engagés dans cette voie l'an dernier. « C'est un peu lourd à gérer pour eux. De notre côté, en tant que porteur de projet, nous calculons chaque année la progression de leurs actions par le biais d'un indicateur de fréquence de traitement », observe Agnès Saizonou, directrice d'Aqui'Brie. C'est également au choix d'indicateurs pertinents que travaille aujourd'hui le comité Grenelle consacré à la mise en place du plan Ecophyto 2018. Un plan qui affiche l'ambitieux objectif de 50 % de réduction de l'usage des pesticides dans les dix ans.
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