Sortie de la production « in situ », la récupération d'énergie peut s'enrichir de sources multiples. En premier lieu, la chaleur des effluents, en entrée et en sortie de station, commence à être exploitée, au moyen d'un échangeur thermique ou d'une pompe à chaleur (PAC). Celle-ci réchauffe l'eau épurée d'une température de 10 ou 13 °C jusqu'à 45 °C avec un rendement trois ou quatre fois supérieur à l'énergie électrique dépensée pour l'alimenter. Une option retenue par le syndicat intercommunal d'épuration des eaux de l'agglomération chalonnaise (SIEEAC) en partenariat avec Lyonnaise des eaux, qui a investi 62 000 euros dans une PAC mise en service au début de l'année pour le chauffage des locaux d'exploitation de sa station (85 000 EH). À horizon plus lointain, en 2012, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap) équipera son usine de La Morée (75 000 m3/j) d'un échangeur thermique qui prélèvera 0,25 °C sur les eaux résiduaires pour alimenter en chaleur le réseau de chauffage d'un ensemble immobilier de l'office HLM d'Aulnay-sous-Bois (450 logements).
La PAC peut également fournir un soutien de température à une serre de séchage solaire de boues en chauffant plancher et air. Chez Saur, ce séchage hybride baptisé Hélioplus a fait l'objet d'un brevet en mars dernier. « Comparer à un séchage thermique qui consomme en moyenne 1 000 kW par tonne d'eau évaporée, le couplage solaire-PAC ne nécessite plus que 300 kW, traitement des odeurs inclus », précise Alain Pericaud, chef du service R et D chez Saur. Autre tendance émergente sur les sites qui s'y prêtent - il faut une chute d'eau et un rapport débit-dénivelé suffisant : le turbinage de l'eau pour produire de l'électricité. Pionnière en France, la commune de Valloire (Savoie) a profité l'an dernier de la construction de sa station en contrebas pour installer une turbine sur les 800 mètres de chute en entrée et produire 500 000 kWh/an. À Seine Aval, l'unité de traitement des pollutions azotées, inaugurée il y a un an, est autonome en électricité grâce à l'installation d'une hydroturbine en sortie des effluents.
Reste les énergies renouvelables emblématiques que sont le solaire photovoltaïque et l'éolien. Soumis à des procédures d'autorisation très contraignantes, l'éolien est encore absent du panorama français et le solaire, qui bénéficie d'un tarif de soutien moins attractif que le biogaz, ne couvre encore que timidement les toits des stations. Pourtant, quelques projets exemplaires apparaissent. Ainsi à Nantes Métropole, la modernisation de la step de la petite Californie (180 000 EH d'ici à 2011), pilotée par Veolia Eau, comprend en plus d'une digestion et d'une cogénération de biogaz, 800 m2 de panneaux solaires installés sur les bassins pour produire de l'électricité, revendue à EDF, et 25 m2 sur les toits des locaux d'exploitation pour alimenter une pompe à chaleur vouée au chauffage des bâtiments. Et Angers-Loire Métropole a choisi d'installer sur sa nouvelle station (285 000 EH), livrée en 2011 par Veolia Eau, 200 m2 de panneaux solaires pour la climatisation des locaux ainsi qu'une digestion des boues. Pour Éric Fievez, responsable du pôle énergie à la direction technique de Degrémont, « on devrait voir de plus en plus de réhabilitations associant cogénération du biogaz et photovoltaïque ».
En Allemagne, Suez Environnement a lancé en novembre 2007 une étude de faisabilité des énergies renouvelables sur une usine autonome en énergie, située à Goslar. « Ce projet vise à mieux cerner les disponibilités des différentes énergies (PAC, solaire, éoliennes, hydroturbines ou biogaz) et l'adaptation possible des procédés d'épuration à ces sources alternatives. Quant au retour sur investissement des techniques, ce n'est pas pour le moment la priorité des recherches », explique Raymond Morcillo, expert métiers au Cirsee, le centre de recherche de Suez Environnement. Et si la station d'épuration à énergie positive n'est pas encore pour demain, la récupération d'énergie pourrait permettre d'atteindre dans les cinq ans les 70 à 80 % d'autonomie. Et, dans le même temps, de participer plus activement à la production d'énergie verte en France.