Trois polluants de l'air ambiant mesurés dans les années 1980 pour treize concernés par la directive européenne du 21 mai 2008. « La pollution des années 1950 était une pollution visible, aux NO2 et SO2 essentiellement, détaille Souad Bouallala, au pôle système d'information de la qualité de l'air de l'Ademe. En 1952, la mort de nombreuses personnes à Londres liée à un pic de pollution a marqué les esprits. » Dans les années 1970, une mesure manuelle des « fumées noires » (gaz et particules) était pratiquée, par gravimétrie. Ensuite se sont développées les mesures optiques automatisées. « Ce perfectionnement des techniques a permis une quantification plus fine des concentrations de polluants », précise Souad Bouallala. « Et l'évolution des connaissances concernant les effets sanitaires a élargi la liste des substances à surveiller », ajoute Christian Elichegaray, du département surveillance de la qualité de l'air de l'Ademe. En parallèle, les émissions se sont multipliées, des sources mobiles s'ajoutant aux sources industrielles fixes. « La question des risques sanitaires a conduit à fixer des normes dans l'air ambiant », explique Christian Elichegaray, estimant que « ce qui guide les valeurs retenues, c'est la notion de risque acceptable, au sens politique, plus que scientifique ». Les réglementations communautaires fixent, en µg/m3, des valeurs limites à atteindre à certaines échéances, des valeurs cibles pour une période (l'heure, huit heures, la journée, l'année), des seuils d'information et d'alerte, et des « objectifs de qualité » à long terme. Entre 1980 et 1992, le SO2, les particules, le NO2, le plomb et l'ozone ont ouvert le bal. La directive du 27 septembre 1996 a étendu la gamme des polluants réglementés et imposé la révision de certains seuils. Les directives de 1999, 2000, 2002 et 2004 ont suivi. Elles portent respectivement sur le SO2 et le NO2, le plomb, les PM10 (particules de diamètre moyen inférieur à 10 µm), les PM2,5 (moins de 2,5 µm), le CO, le benzène, l'ozone, les métaux lourds (arsenic, cadmium, nickel, mercure) et les hydrocarbures polycycliques (HAP). « Le plus surveillé est le benzo(a)pyrène, un cancérogène avéré », souligne Souad Bouallala. La directive de mai 2008 regroupe les précédentes et réglemente les PM2,5 « pour lesquelles la surveillance était seulement préconisée malgré un impact sanitaire significatif », souligne Souad Bouallala, ajoutant que « l'Institut de veille sanitaire estime la valeur limite retenue encore trop élevée ». En l'occurrence, ce sera 25 µg/ m3 en 2010 et 20 µg/m3 en 2020 en moyenne annuelle. Le prochain sur la liste sera-t-il les PM0,1 ? On flirtera alors avec les limites de détection... En attendant, c'est sur la pollution de l'air intérieur qu'on se penche aujourd'hui. « Les sources sont multiples et il n'y a aucune réglementation », dit Christian Elichegaray. Une pollution moins visible, mais qui compte des cancérogènes avérés et probables comme les formaldéhydes et les pesticides