Longtemps restées dans l'ombre, de nombreuses thématiques à la croisée des chemins de la santé et de l'environnement (bruit, qualité de l'air intérieur, pollutions diffuses, toxicité des produits chimiques...) retiennent désormais un peu plus l'attention des pouvoirs publics. En témoignent les quelques avancées des lois Grenelle ou du deuxième Plan national santé environnement (PNSE). Elles ne se traduisent cependant pas en créations d'emplois. Aucune étude chiffrée n'est d'ailleurs disponible sur le sujet. « Le domaine est coutumier des effets d'annonce, mais peu de structures ont les moyens d'embaucher », témoigne opportunément Soléane Duplan, seule salariée du jeune Réseau environnement santé ( RES). « Il faut changer de paradigme, passer à une vision écosystémique de la santé : c'est la seule condition pour créer des emplois », considère André Cicolella, chercheur spécialisé dans l'évaluation des risques sanitaires et président du RES. S'il a le mérite d'exister et de prévoir le déploiement d'un dispositif de traçabilité des expositions professionnelles dans quatre régions tests ou le développement du métier de conseiller habitat-santé, autrefois appelé conseiller médical en environnement intérieur (lire 3 questions à Martine Ott), le PNSE II ne répond que partiellement à cette attente. « Des centaines, voire des milliers d'emplois, pourraient être créés, embraye Olivier Toma, président du Comité pour le développement durable en santé ( C2DS). Les hôpitaux ont besoin d'ingénieurs spécialisés en écoconstruction qui pourraient jouer un rôle important de conseil pour la construction, la rénovation et la maintenance des établissements. Les plus petites structures pourraient se partager des postes. Nous aurions en outre besoin de personnes chargées de la gestion des effluents liquides ou de responsables des achats formés à la toxicologie, voire à l'écotoxicologie. » Mais les formations associant santé et environnement sont logiquement peu nombreuses. L'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines propose un DU santé environnement en formation continue, le mastère sciences et politiques de l'environnement de Sciences-Po un semestre de spécialisation santé et environnement dirigé par André Cicolella, et l'université d'Auvergne un mastère sciences du risque dans le domaine de la santé. On pointait, il y a à peine cinq ans, les mêmes lacunes à propos des sciences toxicologiques et écotoxicologiques. En réponse aux besoins de recrutements créés par l'application du règlement européen Reach sur la gestion des substances chimiques, les formations sur le thème sont aujourd'hui plus nombreuses. Tout espoir n'est donc pas perdu...