Dans le cadre du projet de recherche ANR Diese « outils de diagnostic de l'écotoxicité des sédiments », des chercheurs du Cemagref, de l'université de Metz (coordonnateur du projet), de l'université de Reims et d'EDF travaillent à fournir une palette d'outils d'évaluation du risque écotoxique des sédiments. Et au regard de la propension qu'ont ces derniers à accumuler métaux lourds et autres substances organiques hydrophobes, l'enjeu est d'importance. « Nous cherchons à fournir une panoplie d'outils d'évaluation de la contamination qui puisse apporter une aide pertinente au maître d'ouvrage pour le dragage d'un tronçon de cours d'eau, par exemple, ou au gestionnaire de barrage pour prouver l'absence de risques environnementaux avant le déplacement de sédiments », explique Marc Babut, chercheur au laboratoire d'écotoxicologie du Cemagref participant au programme. Ce projet a été lancé début 2008 sous l'impulsion d'EDF, régulièrement confronté à la toxicité potentielle des sédiments à gérer lors de l'entretien de ses retenues d'eau.
Aussi, des équipes du Cemagref de Lyon et d'Antony ont travaillé à améliorer les outils toxicologiques existants, à développer des tests d'écotoxicologie aigüe et des outils de mesure in situ. L'université de Reims s'est, pour sa part, attelée à l'étude de la biodisponibilité des polluants et celle de Metz au volet écologique de ces outils. Enfin, à Chatou, EDF a pris en charge les questions de la biodisponibilité des métaux dans les sédiments et de la caractérisation des sites. Globalement, il s'est agi, d'abord, d'améliorer les tests existants sur les organismes vivants, puis d'en développer de nouveaux prenant à la fois en compte leur sensibilité variable et la diversité des contaminants. Prévu pour quatre ans avec un budget de 2,6 millions d'euros, ce travail doit permettre d'identifier les organismes adéquats et les paramètres pertinents à mesurer pour détecter très tôt les effets délétères de faibles quantités de polluants avant qu'ils soient toxiques pour l'écosystème.
Des microbiotests légers de mesure in situ et de nouveaux tests sur des mollusques et des gammares (des crevettes d'eau douce) ont ainsi été mis au point (bio-indicateurs, biomarqueurs). C'est la première fois qu'ils étaient employés pour l'étude des sédiments en s'intéressant à leur croissance, à leur reproduction et à des paramètres biochimiques. D'autres outils, comme des échantillonneurs passifs, ont également été développés pour améliorer l'évaluation de l'exposition des organismes aux contaminants.
Les travaux arrivent à leur phase ultime : définir quels tests seront finalement retenus, puis établir un protocole gradué de leur utilisation afin de savoir lesquels utiliser d'abord et quels autres employer pour poursuivre l'investigation, si les résultats des premiers ne s'avèrent pas suffisants. Objectif : répondre aux besoins de l'utilisateur, c'est-à-dire « une réponse simple et assez claire permettant de savoir si, oui ou non, il est possible de déplacer les sédiments dans la rivière ou les entreposer sur le sol ». Et, pour cela, il faut s'affranchir des incertitudes inhérentes à l'interprétation des résultats. Une approche en cours de discussion avec les utilisateurs potentiels, tels qu'EDF ou Voies navigables de France, qui devrait déboucher sur un outil opérationnel début 2012.