Le métier du mois > En France, ils sont une centaine à exercer ce métier. Réservé aux passionnés de la petite reine, il requiert de l'énergie et un bon sens de l'organisation. De l'énergie, il en faut pour parcourir en moyenne 80 km par jour, qu'il pleuve ou qu'il vente, et si possible avec le sourire ! « Il faut avoir le sens du relationnel car au bout de chaque course, il y a un client à ne pas décevoir », souligne Yoann Damien, fondateur d'Eco-Bike Lyon. Les sociétés comme la sienne sont une dizaine. Leur cœur de clientèle :des professions libérales, des artisans ou des boutiques pressés de faire livrer un pli (un bon coursier en livre une trentaine par jour), voire un petit colis (par vélos cargos). Elles remplissent parfois des missions plus étonnantes, par exemple la relève de compteurs de chauffage urbain ou le transport de sang entre hôpitaux. À Paris, trois sociétés tiennent le haut du pavé. Urban Cycle, la doyenne, emploie ses coursiers à un salaire fixe. Moyenne du secteur :1 500 euros nets à plein-temps. « À Aix-en-Provence, on vient de créer une PME sur le même modèle et de recruter des coursiers. Ce n'est pas un job d'étudiant :on recherche des profils rôdés, sportifs, bien sûr, mais avec les pieds sur terre. Au salaire fixe, on ajoute des primes liées aux résultats », précise Sacha Chifman, cofondateur de Tand'M. Fini, donc, le règne des livraisons payées à la course. « En dix ans, le métier s'est professionnalisé. Le problème de la prime de rendement est qu'elle pousse les coursiers à prendre des risques », prévient Juan Osorio Alor, fondateur de Cycl'air. Et pour cause, la sécurité reste le maître-mot du secteur. « Surtout les premiers mois, le temps de se rôder. Pour durer, mieux vaut ne pas être un casse-cou et savoir s'économiser en prenant les bons trajets et raccourcis, quitte à emprunter des escalators ou le RER pour une course en banlieue. Les accidents ne sont pas si nombreux », constate Frédéric Szezaniel, cinq ans de métier chez Urban Cycle. Le physique est primordial, mais ne fait pas tout. « Il faut aimer le vélo et savoir entretenir sa monture, car chacun a la sienne et l'arrange à sa façon. Certains clients doutent de notre capacité à livrer vite et bien. Pourtant, en centre-ville, on dépasse les voitures et on talonne de près les livreurs à moto », ajoute Yoann Damien. Autre caractéris tique du secteur, sa convivialité. Les coursiers se connaissent et partagent des conseils, notamment via les réseaux sociaux. « On forme une communauté de passionnés. Des sorties sont souvent organisées. Il y a même des championnats de France de coursiers », glisse Frédéric Szezaniel. Au final, ce métier est promis à un bel essor. L'argument écologique séduit de plus en plus de clients. « On peut devenir coursier sans formation ni autorisation particulière. Cette souplesse fait notre force. Il est question d'imposer l'obtention d'une licence spéciale. Cela risque de nous mettre des bâtons dans les roues », conclut Yoann Damien. Contacts Eco-Bike Lyon, Yoann Damien, tél. :06 78 16 57 07. >Urban Cycle, tél. :01 43 38 38 38. > Tand'M, Sacha Chifman, tél. :06 86 48 07 72. Cycl'air, Juan Osorio Alor, tél. :06 71 25 67 81.