Marc Fesnau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire / Crédits : European Union, 2024
La nouvelle version du plan Ecophyto a été publiée le 6 mai. L’objectif de réduction de l’usage des pesticides est maintenu à 50 % d’ici 2030, mais il s’accompagne d’un nouvel indicateur de suivi qui ne fait pas consensus. Le nouveau texte promet également une meilleure surveillance de l’eau potable.
Le plan Ecophyto 2030, dont l’objectif est de réduire l’usage des pesticides en France, a été présenté le 6 mai par le gouvernement.
Lancé en 2008, la stratégie devait être mise à jour, mais les travaux avaient été mis en « pause » en février 2024, suite aux manifestations des agriculteurs.
«Cette stratégie acte un changement de méthode », a souligné le ministère de l’Agriculture dans la présentation du nouveau texte. Son objectif : lutter contre le réchauffement climatique, préserver la biodiversité « tout en donnant à tous les agriculteurs les moyens de cette transition, par le développement de méthodes alternatives et le renforcement de leur accompagnement dans le changement de pratiques », développe le ministère.
Maintien de l’objectif de réduction des pesticides
Le nouveau plan maintient l’objectif initial de réduction de 50 % de l’utilisation des produits phytosanitaires. A un détail près : la période de référence est 2011-2013 – contre 2015-2017 auparavant. Ce changement permet à la France de mieux s’aligner aux autres pays européens et n’entraînera pas de « changement fondamental » sur l’objectif, selon Corentin Barbu, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), interrogé par franceinfo.
L’évolution de l’utilisation des substances sera désormais réalisée par l’indicateur Risque Harmonisé 1 (HRI1), institué par une directive européenne, qui remplace donc le NODU. Mais ce nouvel indicateur ne fait pas consensus. L’association Générations Futures l’accuse de fournir des évaluations « absurdement incorrectes », puisqu’il ne prend en compte « que la quantité de substances actives vendues et non les surfaces traitées avec ces substances actives, ni leur toxicité ». Admettant dans une interview accordée à La tribune en mai que le HRI1 n’était pas « parfait », Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’agriculture, a affirmé avoir demandé « à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) de travailler avec ses homologues européens à faire des propositions pour améliorer, le cas échéant, le HRI1 »
« Pas d’interdiction sans solution »
Le ministère a assuré être « dans le respect d’un principe » : "pas d’interdiction sans solution" ». Afin d’accélérer le développement d’alternatives aux produits phytosanitaires et d’« éviter de nouvelles impasses techniques », l’État consacrera un budget annuel de 146 millions d’euros pour la recherche et 50 millions pour le financement d’agroéquipements dès 2024, dans le cadre de la planification écologique et de France 2030. Le ministère de l’Agriculture a d’ailleurs lancé le 12 avril un appel à projets visant à financer la recherche d’alternatives aux pesticides.
« Il faut investir massivement dans l’innovation pour trouver des solutions agronomiques pour continuer à produire notre alimentation et ne pas dépendre de pays qui ne s’imposent pas les mêmes exigences environnementales » a souligné Agnès Pannier-Runacher dans un communiqué de presse.
Le défi des captages d’eau potable
Le plan Ecophyto 2030 promet également une meilleure surveillance de l’eau potable.Sont prévues une actualisation de la liste des captages « prioritaires sensibles », l’adoption d’un arrêté définissant cette notion, et la publication d’un guide de gestion des risques à destination des maires et des préfets.
L’association Amorce a publié un enquête en juillet 2023 révélant que 88 % des collectivités étudiées avaient identifié des pollutions émergentes sur certains captages – principalement aux métabolites de pesticides.