Un wagon hors d'usage n'est pas qu'un tas d'acier. Et pour valoriser au mieux tous les autres composants, cinq entreprises du Nord de la France ont réuni leurs compétences pour fonder Nord Ferro. Si la société a été créée en juin dernier, les acteurs se connaissent depuis longtemps. Et ils ont travaillé ensemble, pendant un an, pour mettre au point un procédé de déconstruction optimisé. « Nous nous sommes rapprochés après la publication du rapport du député Alain Bocquet, en juin 2011, sur la situation de l'industrie ferroviaire française », retrace Xavier Bleu, chef de projet Nord Ferro chez Hiolle Industries. Une des propositions, à mettre en œuvre dans les dix-huit mois, était d'organiser une filière de déconstruction des voitures et des wagons de fret, notamment pour le marché des pièces de seconde main. Parmi les cinq partenaires, Hiolle Industries s'est occupé de l'implantation sur le site de Trith-Saint-Léger, dans le Nord, ainsi que du plan complet de la déconstruction et de la logistique. Vitamine T, spécialiste de l'économie sociale et solidaire, gère l'emploi alors que Ramery Environnement met à profit ses compétences en désamiantage. Et, en aval, l'aciérie LME Trith (à 200 mètres du site) recycle les métaux. Enfin Alstom Transports apporte sa connaissance des matériaux rencontrés dans les trains. Un budget de 900 000 euros a été débloqué, avec le soutien d'Oséo et de la communauté d'agglomération de la Porte du Hainaut. Le site retenu, d'une surface de 5 000 m2 , s'insère sur une plateforme multimodale. Si la voie ferrée est indispensable pour l'acheminement du matériel roulant, l'accès routier est également nécessaire pour les voitures de métro. « Nous avons travaillé sur trois voitures exemptes d'huile, fournies par la RATP, des MP59 sur pneus, construites entre 1959 et 1970 », explique Xavier Bleu. Les nomenclatures fournies par Alstom ont été précieuses pour mettre au point le procédé de déconstruction. Le démontage et la valorisation finale sont réalisés par des personnes en insertion. « Nous avons mis au point un process accessible aux personnes sans qualification, après une sensibilisation à la sécurité et au risque lié à l'amiante. Notre objectif est de traiter 120 voitures, ce qui représente 70 équivalents temps plein », précise Jean-Yves Doisy, directeur général adjoint du groupe Vitamine T. Grâce à quoi, Nord Ferro valorise l'aluminium, l'inox, le nickel, le chrome, mais aussi le caoutchouc et certains plastiques. Le verre et le bois ne sont pour l'instant pas récupérés. La ferraille, qui représente 80 % des voitures, est recyclée. « Nous sommes parvenus à un taux de valorisation global de 95 % », se félicite le chef de projet. De quoi installer l'activité dans la durée. Nord Ferro a déjà répondu à un appel d'offres de la RATP. Et voit grand : grâce à une surface disponible de 20 000 à 30 000 m2 , Nord Ferro dispose d'une capacité de stockage de 150 à 200 voitures. l