L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a publié le 15 décembre les résultats de son évaluation des risques sanitaires liés à l’exposition alimentaire au chlordécone. Les produits issus de l’autoproduction et des circuits-courts sont les plus exposés.
La population antillaise est potentiellement surexposée aux risques sanitaires liés à l’exposition alimentaire au chlordécone, selon une évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). « L’approvisionnement alimentaire dans les circuits non contrôlés (autoproduction, dons, bords de route) peut entraîner une exposition au chlordécone supérieure à celle liée aux modes d’approvisionnement en circuits contrôlés (grandes et moyennes surfaces, marchés, épiceries) », précise l’Anses. Pesticide utilisé pour éliminer les insectes et charançons, notamment dans les bananeraies, le chlordécone est « persistant et bioaccumulable », indique l’Agence. A cet égard, il est interdit depuis 1993, mais est encore présent dans les sols. Ainsi, il « peut se retrouver dans certaines denrées d’origine végétale ou animale, ainsi que dans les eaux de certains captages utilisés pour la production d’eau destinée à la consommation humaine », explique l’Anses sur son site.
Ainsi, les produits issus des circuits-courts ou de l’autoconsommation ont de fortes chances de présenter une surexposition au chlordécone. Il en est de même pour les produits de la mer et d’eau douce « pêchés ou collectés par les particuliers ou issus des circuits informels » et consommés plus de quatre fois par semaine, et les racines et tubercules produits en zone contaminée. « Ainsi, il apparaît notamment que la consommation de denrées produites en zone contaminée peut entraîner des surexpositions pour les populations ne respectant pas les recommandations actuelles de consommation, à savoir de ne pas consommer plus de quatre fois par semaine des produits de la pêche et ne pas consommer de produits de pêche en eau douce », résume l’Anses. L’Agence préconise l’extension des recommandations de consommation à d’autres produits tels que les œufs et la volaille par exemple.
Enfin, selon l’Anses, les limites maximales de résidus (LMR) actuelles sont suffisamment protectrices et leur réduction n’abaisserait pas les expositions. « En effet, cette exposition est très majoritairement liée à la consommation de denrées issues des circuits informels dans lesquels le respect des LMR n’est pas assuré. Pour les populations surexposées, l’Agence considère donc plus pertinent d’agir par des recommandations de consommation plutôt que par un abaissement des LMR », conclut l’Anses.