Accueil > Actualités > Pollutions > Perturbateurs endocriniens : Le projet de Stratégie nationale fait l’impasse sur l’alimentation, alerte Générations futures
A ce jour, l’ébauche de Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens ne comprend ni calendrier, ni budget et élude la problématique de l’alimentation. Pourtant, les résidus de pesticides présents dans les produits alimentaires en Europe s’avèrent à 63 % être également des perturbateurs endocriniens, selon le rapport publié par Générations futures le 4 septembre 2018.
« Un nouveau ministre de l’Ecologie qui voudrait s’attaquer au problème dispose de toutes les informations nécessaires », glisse François Veillerette, en présentant le dernier rapport de Générations futures sur l’exposition alimentaire des Européens aux pesticides et perturbateurs endocriniens. L’étude de l’ONG montre que 63,2 % des résidus de pesticides identifiés par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) entrent aussi dans la catégorie des perturbateurs endocriniens (PE) suspectés. « La contamination alimentaire par les pesticides est donc très largement une voie de de contamination par les PE », relève l’association.
Générations futures a croisé les informations sur les résidus de pesticides (principalement dans les fruits et légumes) publiées en juillet par l’EFSA avec celles de la base de données américaine TEDX sur les PE. Le zoom sur les produits commercialisés en France reste à établir, l’association n’ayant pas reçu de réponse à sa demande d’accès aux chiffres nationaux auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Pas de valeur-seuil valable sur les PE
Sur les pesticides, l’EFSA souligne que 93 % des échantillons analysés présentent des concentrations inexistantes ou inférieures aux limites maximales en résidus (LMR). « Tout va bien, circulez … Il y a pourtant bien quelque chose à voir, car la notion de LMR ne vaut pas pour les PE, toxiques à faible dose pour les populations vulnérables, pointe François Veillerette. Au nom du principe de précaution, on attend un plan de substitution pour les 20 à 30 molécules les plus couramment présentes ». Le porte-parole de l’ONG vise notamment l’acétamipride (un néonicotinoïde) et le boscalide (un fongicide potentiellement cancérigène).
Le rapport d’évaluation (février 2018) sur la première Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) de 2015 rappelle qu’une vingtaine de molécules dangereuses seront à terme bannies par l’Union européenne. « Pourquoi cramer de l’argent public en relançant des études sur ces substances, impliquées dans un tiers des utilisations ? » s‘agace François Veillerette.
Ministères absents, expertise chétive
« Ni le ministère du Travail ni celui de l’Agriculture ne sont associés aux travaux sur la future SNPE », note Fleur Gorre. La chargée de campagne juge insuffisants les objectifs envisagés en matière d’expertise, inchangés par rapport à la précédente SNPE, soit l’analyse de cinq substances par an pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et de trois substances présentes dans les produits cosmétiques pour l’Agence nationale de sécurité du médicament – qui n’a jusqu’alors pas rempli cette commande.
Une consultation publique sur la nouvelle SNPE doit s’ouvrir en octobre. Le coût sanitaire de l’exposition aux PE pourrait atteindre 31 milliards par an dans l’Union européenne, selon un rapport de 2014 de l’Alliance pour la santé et l’environnement.