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POLLUTIONS

La Méditerranée, piège à particules de plastique

PUBLIÉ LE 25 OCTOBRE 2019
LAURENCE MADOUI
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La Méditerranée, piège à particules de plastique
Ce n’est pas un nouveau continent qu’a exploré en Méditerranée la goélette d’Expédition 7e continent, mais « une soupe », garnie d’un vermicelle composé de bribes de plastique, dont la taille peut tomber au nanomètre.

Sur 0,8 % des surfaces maritimes mondiales, la Méditerranée concentrera 8 % des quantités de plastique échoué en mer en 2030. D’ores et déjà, « elle héberge autant de microplastique que les cinq grands gyres des océans Pacifique, Atlantique et Indien, offrant un terrible terrain de jeu scientifique », commente le directeur de recherche au CNRS1 Jean-François Ghiglione, au retour d’une mission de trois semaines à bord de la goélette d’Expédition 7e continent (E7C).

L’équipe de quatre scientifiques et quatre marins a pris pour jouet « l’infiniment petit », à savoir « des fragments invisibles à l’œil nu, de la taille du micron (1.000 fois inférieure à celle du microplastique, dont le diamètre n’excède pas 5 mm) et du nanomètre (un million de fois plus petit que le microplastique), détaille Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS2 et directrice scientifique de l’association E7C. Ces particules, issues d’un processus complexe d’oxydation des plastiques, n’ont pas la même nature ni le même comportement dans l’eau que le matériau d’origine », poursuit la chimiste.

Radeaux transatlantiques

Résultat de la fragmentation du plastique par les bactéries (qui ont tendance à se loger dans les anfractuosités des bouteilles), les débris deviennent des supports de vie. « En mer, le plastique n’est plus inerte, note Jean-François Ghiglione : on y trouve d’énormes quantités d’organismes au mm2 (plancton, larves, bactéries), dont un quart d’espèces pathogènes pour la faune marine – non pour l’homme a priori, ce point restant à étudier ».

Autre aspect à préciser : la possible colonisation d’écosystèmes lointains par les organismes transportés sur ces « radeaux » de plastique, aptes à « voyager d’un bout à l’autre de la Méditerranée – ou de l’Atlantique – au cours de leurs 100 à 400 ans de durée de vie », relève le biologiste. Le chimiste Boris Eyheraguibel3 s’intéressera au possible transfert de l’eau vers l’air du plastique, réduit cette fois à la taille de molécules.

Autoroute à accumulation de polluants

L’équipe d’E7C a mené des prélèvements sur quinze sites, jusqu’à 150 mètres de profondeur. « En tout point, on a remonté du plastique, qui suit le courant comme une autoroute, observe l’océanographe Yann Ourmière4. L’eau entre en Méditerranée en surface, par le détroit de Gibraltar, puis longe les côtes du Nord de l’Afrique jusqu’au Proche-Orient et revient par le Sud de l’Europe. Elle butte en fin de circuit sur les Baléares, où la mer est particulièrement polluée. L’eau ressort par Gibraltar, cette fois en subsurface, à 200 m de profondeur, pouvant potentiellement transporter des nanoparticules, qui ont perdu toute flottabilité. »

Le milieu marin est le débouché de 10 % des plastiques usagés, soit 8 à 10 millions de tonnes par an, ou le déversement d’une benne par minute, compare E7C. Chaque année, ces déchets engendrent 100.000 échouages de mammifères marins et la mort d’un million d’oiseaux, rappelle l’explorateur Patrick Deixonne, qui a fondé l’association en 2010.


1 : Laboratoire d’océanographie microbienne, Banyuls sur mer
2 : Laboratoire des interactions moléculaires et réactivité chimique et photochimique, Toulouse
3 : Institut de chimie de Clermont-Ferrand
4 : Institut méditerranéen d’océanologie
Crédit : CNRS
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