75 résidus de pesticides seront suivis. Crédits : Adobe Stock
Atmo France qui fédère les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) ont mis en place un suivi annuel de 75 pesticides dans l’air extérieur en métropole et en outre-mer. Les premières données seront accessibles en été 2022.
Chlordécone, glyphosate, folpel…plus de 70 molécules fongicides, herbicides ou insecticides feront désormais l’objet d’une surveillance « à vocation pérenne » dans l’air à l’échelle nationale. Lancé à l’initiative de l’Atmo France et de l’Ineris, ce protocole de suivi est le fruit d’une phase d’expérimentation mise en œuvre lors de la Campagne nationale exploratoire de mesure des résidus de Pesticides dans l’air ambiant (CNEP) réalisée en 2018 et 2019 et à laquelle le LCSQA (Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’Air) et les AASQA (les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air) ont participé avec l’Anses.
Le premier test a permis d’établir une première cartographie annuelle nationale des niveaux de concentration en pesticides dans l’air ambiant « et d’apporter un retour d’expérience en vue de définir les modalités d’une surveillance pérenne », précisent Atmo France et l’Ineris.
75 pesticides sous surveillance
Soutenue financièrement par l’Etat, la surveillance des pesticides, assurée par les AASQA, sera établie dans toutes les régions françaises. Le protocole de suivi a également identifié des sites représentatifs de différents profils agricoles (grandes cultures, viticulture, arboriculture et maraîchage), afin d’obtenir « une photographie générale ».
De son côté, le LCSQA a défini une liste comportant 75 molécules fongicides, herbicides ou insecticides à surveiller. Parmi cette « liste des polluants d’intérêt national », figurent notamment le chlordécone, un perturbateur endocrinien interdit « connu pour ses interférences avec le fonctionnement du système hormonal » ; le folpel, un fongicide utilisé en viticulture et en maraichage, « considéré en 2009 comme cancérogène suspecté par l’Autorité européenne de sécurité des aliments ». Ce fongicide est régulièrement retrouvé dans les échantillonnages, soulignent les organismes.
La liste des substances à surveiller mentionne également le lindane, un insecticide utilisé en agriculture et dans les produits pharmaceutiques pour le traitement de la gale et l’élimination des poux. « C’est une molécule persistante et interdite depuis 1998 et néanmoins retrouvée dans toutes les régions lors de la CNEP » ; Et le prosulfocarbe, un herbicide volatile « responsable de contamination de cultures en agriculture biologique ».
Suivi des « substances polaires »
Le protocole prévoit de réaliser annuellement 26 mesures de 7 jours sur chaque site, à l’exception des sites de maraîchages « qui en effectueront 18 ». Quant aux substances nécessitant des mesures complémentaires comme le glyphosate et le glufosinat, et pour des « raisons financières et pratiques », un système tournant sera effectué chaque année d’une région à l’autre. Les cinq premières régions à surveiller ces « substances polaires » avec 40 mesures de 48 heures sont : Occitanie, Pays-de-la-Loire, Auvergne Rhône-Alpes, Martinique, et La Réunion.
Les premiers résultats de ces travaux de surveillance seront mis à disposition du public dès l’été 2020 sur la base nationale des données de qualité de l’air, GEOD’AIR, PhytAtmo et sur les portails régionaux open data des AASQA.