La principale source de bruit est le transport. Crédits : Adobe Stock
L’Agence de la transition écologique (Ademe) et le Conseil national du bruit (CNB) ont évalué dans un nouveau rapport les conséquences de l’exposition au bruit. Les nuisances sonores auraient un « coût social » estimé à plus de 155 milliards d’euros par an en France.
Trafic routier, voisinage, et autres activités peuvent engendrer des nuisances sonores pour les ménages. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ces bruits provoquent des conséquences sanitaires pour 20 % de la population européenne juste derrière la pollution atmosphérique. Un constat renforcé dans le nouveau rapport dévoilé par le CNB et l’Ademe qui évalue le coût social de ces nuisances à 155,7 milliards d’euros par an.
Cette récente étude examine deux types de coûts que supportent les Français. Il s’agit des coûts marchands qui « correspondent aux dépenses directement quantifiables », et des coûts non marchands, appréciés par « la valorisation des années de vie en bonne santé perdues et de la mortalité prématurée du fait du bruit, qui représentent la majeure partie du coût social du bruit (86 %) ».
Trois sources de bruit
Ce coût social supporté par les ménages français se décompose en trois familles de bruit : le transport, le voisinage et le milieu professionnel. Pour chaque source, l’étude prend en compte les effets sanitaires provoqués (perturbations du sommeil, maladies cardiovasculaires, troubles de la santé mentale, difficultés d’apprentissage, ou encore maladies et accidents professionnels). Ainsi que les effets non sanitaires comme les pertes de productivité et la dépréciation immobilière.
Sur les 155,7 milliards d’euros par an, 68,4 % de ce coût social, soit 106,4 Md€/an sont attribués au bruit des transports. 51,8 % est principalement dû au bruit routier, suivi du bruit aérien à hauteur de 9,4 % et du bruit ferroviaire à 7,2 %. Ce type de nuisances engendre les principaux coûts sanitaires non marchands estimés à 100 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent près de 425 millions d’euros pour les coûts sanitaires marchands (hospitalisation et médication).
Le bruit du voisinage est évalué à 26,3 Md€/an, soit 16,9 % du coût total. Le rapport distingue dans cette famille les bruits générés par les particuliers (68 %, et le bruit des chantiers (20 %). Enfin, les 3,2 milliards d’euros restants (12 %) proviennent du bruit d’autres activités.
L’environnement professionnel est également responsable de pollution sonore. Le milieu du travail présente un coût social estimé à 21 Md€/an, soit 13,5 % du montant total. Ce dernier se répartit entre les milieux industriel et tertiaire, scolaire et hospitalier.
Coupler lutte contre la pollution atmosphérique et nuisance sonore
Une part importante de ces coûts sociaux peut être évitée à travers le traitement simultané de la pollution atmosphérique et sonore. « Les sources de pollution ainsi que les mesures d’évitement étant souvent communes entre l’air et le bruit, ces deux éléments d’exposition tendent à être considérés depuis plusieurs années de manière intégrée, avec la notion de co-exposition », précise le rapport.
En couplant la lutte contre ce fléau à celle contre la pollution de l’air, l’étude propose notamment quatre leviers d’action qui offrent des ratios bénéfices / coûts intéressants : l’installation des Zones à faibles émission (ZEF), la réduction des vitesses de 10km/h sur les voies rapides, l’amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaire, et l’application d’une charte chantier propre.
La qualité acoustique des logements
Par ailleurs, la Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du Conseil, de l’Ingénierie et du Numériques, CINOV, propose une autre lecture de ce rapport. Le syndicat rappelle l’importance de la qualité acoustique du bâtiment. La nuisance sonore « dépend également de la propagation entre la source et l’oreille, donc de la qualité acoustique du bâtiment d’habitation du riverain impacté », peut-on lire dans un communiqué.
« La qualité acoustique des logements est insuffisante pour protéger les occupants, et ce défaut de protection coûte 132 milliards d’euros chaque année ! » estime Jean-Paul van Cuyck, président de CINOV GIAc.