Cette sous-estimation serait due aux limites d’usage d’images satellitaires et à la sous-estimation de l’impact des LED. Crédit : Adobe Stock
La pollution lumineuse augmenterait de 10 % par an en Europe et aux États-Unis, dévoile une étude. Un constat qui confirme les alertes de l’association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN).
La pollution lumineuse ne cesse de s’intensifier dans les pays industrialisés. Alors que les estimations annuelles initiales étaient de 2 %, une nouvelle étude parue dans la revue Science vient de révéler que cette augmentation serait en réalité de 10 % par an en moyenne en Europe et aux États-Unis, ce qui représente un doublement en moins de 8 ans. Une tendance qui conforte les alertes lancées par l’ANPCEN qui œuvre depuis 20 ans à la sensibilisation de la populations et des pouvoirs publics sur les impacts de la pollution lumineuse.
L’augmentation de la pollution lumineuse soulève de nombreuses préoccupations quant à ses impacts sur l’environnement, la faune et les humains. Pourtant, cette tendance est « sous-estimée depuis des années, ce qui a permis à la situation d’empirer rapidement », déplore l’ANPCEN qui a alerté sur les causes de cette hausse et sur ses conséquences. L’association a notamment montré en 2015 que le nombre de points lumineux du seul éclairage public en France avait augmenté de 89 % en 20 ans, provoquant une augmentation de 94 % de la quantité de lumière émise la nuit.
Surestimation des images satellitaires
Selon l’association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne, cet « énorme écart » entre les estimations et la réalité du terrain serait probablement lié aux limites d’usage d’images satellitaires et à la sous-estimation de l’impact des LED. Deux points sur lesquels l’ANPCEN a émis des alertes ou réserves depuis plusieurs années.
« Souvent parées exclusivement d’allégations "écologiques" sans distance critique », la multiplication des LED entraînerait une augmentation de la quantité de lumière émise au lieu de la réduire, en raison d’une confusion entre réduction de l’énergie consommée et réduction de la quantité de lumière émise, ainsi « au lieu de réduire la quantité de lumière artificielle nocturne émise, la multiplication d’ajouts ou de transformations par LED l’augmente souvent », avance l’association. De plus, les particularités des LED, telles que le pic d’émission bleue, la lumière stroboscopique, la luminance plus élevée, et la diffusion accrue dans l’atmosphère, « ont des effets polluants accrus et une toxicité supérieure pour le vivant ».
En outre, l’ANPCEN rappelle les réserves qu’elle émettait en 2015 sur l’usage de seules données satellitaires et aériennes pour analyser la pollution lumineuse au sol. L’association avait notamment précisé que ces données ne rendent pas compte de masquages de lumières nocturnes perçues, par des reliefs terrestres, en certains lieux (exemple, des montagnes) ; qu’elles dépendent des heures de prises de vue satellitaire, des conditions météorologiques à ciel dégagé et de l’éclat lunaire selon ses différentes phases et différents lieux du globe ; que ces images « saisissent mal les émissions bleues (principalement celles des LED, pourtant massivement prescrites actuellement, comme s’il s’agissait de l’unique solution) ».