Enquête à l’appui, l’association Amorce appelle le gouvernement à prendre des mesures préventives fortes pour protéger les ressources en eau, notamment en interdisant les produits phytosanitaires dans les aires d’alimentation des captages.
Après l’étude de l’Anses en avril dernier, qui avait mis en évidence la présence de résidus de pesticides dans certains points de captage, Amorce a sondé ses collectivités adhérentes pour évaluer l’ampleur de la pollution. L’association nationale des collectivités territoriales pour la gestion des déchets, de l’énergie, des réseaux de chaleur et de l’environnement, révèle des résultats alarmants concernant la présence de polluants émergents dans certains captages d’eau potable.
Des résultats préoccupants. Sur un panel représentant une population de 3,5 millions d’habitants, 88 % des collectivités ont déclaré avoir identifié des pollutions émergentes, principalement des métabolites de pesticides, dans certains de leurs captages d’eau potable. Ces substances identifiées incluent le chlorothalonil et son métabolite R471811, le S-métolachlore et ses métabolites, les métabolites du chloridazone, les PFAS, le TFA (Acide trifluoroacétique), les nitrates, le tetrachloroéthylène et le ESA alachlor. Pour 80 % des collectivités concernées, ces polluants entraînent potentiellement des non-conformités dans certains de leurs captages.
Manque de moyens
Face à cette situation, les collectivités doivent mettre en place des plans d’action pour restaurer la qualité de l’eau et déployer des solutions curatives de traitements avancés. Toutefois, ces actions se heurtent à des contraintes financières importantes, fait savoir l’association. Les collectivités sont contraintes de trouver des solutions alternatives pour approvisionner leurs administrés en eau potable de qualité, et certaines “sont même contraintes de substituer la ressource d’un captage par une autre ou d’abandonner des captages pollués, particulièrement en période de sécheresse”, déplore Amorce.
Dans un contexte où les budgets des collectivités sont déjà soumis à des contraintes extrêmes, le manque de moyens financiers entrave ainsi le déploiement de solutions curatives comme le charbon actif, l’ultrafiltration ou la nanofiltration.
Accompagner la transition agricole
Pour y remédier, Amorce appelle le gouvernement à prendre des mesures préventives fortes, notamment en interdisant les produits phytosanitaires dans les aires d’alimentation des captages, en renforçant les pouvoirs des élus locaux en la matière, et en accompagnant la transition des activités agricoles dans les aires d’alimentation des captages avec des aides techniques et financières.
L’association demande également une responsabilisation financière des metteurs en marché de polluants en augmentant les redevances pour pollutions diffuses sur les pesticides et les nitrates, en transformant la taxe sur les préparations pour lessives en redevance au profit des Agences de l’eau, et en créant une redevance sur les nouvelles pollutions émergentes, telles que les microplastiques et les résidus médicamenteux. “Ces réformes doivent permettre d’instaurer un vrai signal prix sur l’usage de ces produits et générer des moyens financiers pour généraliser les stratégies de prévention et de traitement de ces pollutions émergentes sur tous les territoires concernés”, conclut Amorce.