Depuis plus d'un demi-siècle, le ferrailleur Arca Chudeau incarne le recyclage de proximité dans l'agglomération angevine. « On fait même partie des derniers indépendants de la région, les autres ont presque tous intégré les grands groupes nationaux comme Derichebourg et GDE », se félicite Mickaël Chudeau, à la tête de la société après son père et son grand-père. Ce dernier a commencé dans les années soixante dans un vieux quartier du centre historique d'Angers, que la société n'a quitté que dans les années quatre-vingt-dix. Il collectait des brouettes de chiffons, de peaux de lapins, puis des ferrailles et des vélos. « Nous avons conservé ce service de proximité, qui est à l'origine de notre profession, notre activité est encore tournée vers les particuliers et les petits artisans du bâtiment, menuisiers, chauffagistes, couvreurs, qui nous apportent ferrailles et métaux. On reste connu pour nos achats au détail, donc on est toujours alimenté par des particuliers », rappelle Mickaël Chudeau, qui estime la répartition des métaux traités à un peu plus de 70 % de ferrailles et le reste de non-ferreux, cuivre, inox, alu, zinc ainsi que quelques métaux spéciaux en provenance d'usines locales. Les interventions ont lieu à 90 % dans le département du Maine-et-Loire, dont une grande partie sur l'agglomération d'Angers, malgré une bonne clientèle d'agriculteurs.
Ferrailles, DIB et maintenant VHU
L'activité de récupération a bien sûr évolué depuis les peaux de lapins ! L'entreprise s'est mise au tri des DIB, grâce à son agrément tri-transfert et une petite déchetterie professionnelle. Et elle travaille aujourd'hui avec les services de négoce des grands opérateurs nationaux sur des filières métaux, plastiques, bois ou cartons. Après un tri à la pelle mécanique et un surtri manuel, seuls les déchets ultimes sont acheminés vers le centre de stockage de La Seda, exploité à 50/50 par Sita et Veolia Propreté et doté d'une installation de captage de biogaz. « Nous n'avons pas de presse à balles car nous livrons nos matières à quelques kilomètres », explique Mickaël Chudeau. Arca Chudeau dispose désormais d'une centaine de bennes en location et deux camions assurent le ramassage en permanence pour les ferrailles et les DIB. Installé depuis 2010 à Avrillé, à l'entrée nord-ouest d'Angers, sur une plateforme entièrement bétonnée de 5 000 m2 pourvue d'un hangar de 500 m2 , Arca Chudeau a voulu compléter son activité. Et obtenu en février dernier son agrément VHU : 180 véhicules à l'année pour commencer. « Ils seront faits et nous dresserons en fin d'année le bilan de cette activité qui reste complémentaire pour nous », assure le gérant. « Honnêtement, je ne pensais pas que ça allait démarrer aussi vite. Peut-être que la proximité des voies rapides nous donne un petit coup de pouce.» Les VHU sont préparés pour les filières des opérateurs nationaux, avec beaucoup de tri manuel. Et les carcasses sont envoyées vers les trois broyeurs de la région : Derichebourg à Nantes, Menut à Tours et GDE à Montoir-de-Bretagne. Avec un chiffre d'affaires 2012 de 4,1 millions d'euros, l'entreprise profite de bons prix et d'une conjoncture actuelle plutôt favorable. Elle s'est engagée dans une triple certification (Iso 9001, 14001, 18001). Mais le service de proximité et la structure familiale restent les deux piliers de la société qui compte désormais dans ses rangs un représentant de la quatrième génération, le fils de Mickaël Chudeau, Maxime. « Les neuf collaborateurs sont titulaires du permis poids lourds », annonce fièrement Mickaël Chudeau, qui se dit prêt à enlever lui-même une benne « pour dépanner un client à 18 heures ». Preuve que, chez Arca Chudeau, tout a grossi, sauf la tête.