Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
Accueil > Actualités > Recyclage > La filière à l'orée d'une année cruciale
RECYCLAGE

La filière à l'orée d'une année cruciale

PUBLIÉ LE 1er DÉCEMBRE 2015
LA RÉDACTION
Archiver cet article
Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Le secteur des papiers et cartons à recycler vit une période charnière. D'un côté, les inquiétudes ne manquent pas : crise du marché des papiers à désencrer, baisse de la consommation apparente des papiers de bureau, fermetures d'usines ou machines arrêtées. De l'autre, la bonne santé affichée par le segment des cartons d'emballage, au moins jusqu'à l'été, des orientations positives contenues dans la loi sur la transition énergétique et le décret actuellement en consultation publique sur l'économie circulaire, une collecte qui reste excédentaire, de nouvelles capacités papetières annoncées pour début 2016 par Ecocis à Voreppe (Isère), des prix qui se maintiennent à un niveau favorable pour l'activité. Et pour finir, entre les deux, les discussions engagées autour du réagré-ment des éco-organismes Eco-Emballages et Ecofolio (2017-2022) et les travaux de la Commission européenne sur le nouveau paquet sur l'économie circulaire, après le rejet d'une première version il y a tout juste un an. Ce dernier pourrait préconi-ser un tri séparé des fibreux, voire introduire une certaine harmonisation dans les différents schémas européens. En 2014, la collecte apparente de papiers et cartons avait légèrement augmenté, pour s'établir à plus de 7,3 Mt (+ 0,7 % par rapport à 2013). Dans le même temps, la consommation de PCR par les usines papetières françaises continuait de progresser à 5,4 Mt, soit une hausse de près de 5 % pour un taux d'incorporation dans la production hexagonale de papiers et cartons de près de 66 %. Un chiffre qui cache néanmoins de fortes disparités : les papiers et cartons d'emballage affichent un taux d'utilisation supérieur à 90 %, loin devant les papiers à usage graphique (42 %) et les papiers d'hygiène (36 %). Sur le marché de la récupération, les écarts continuent de se creuser entre le secteur des cartons et celui des papiers graphiques. « Nous avons toujours des inquiétudes sur le désencrage face à la baisse de la consommation et les fermetures d'usines ou l'arrêt de machines en Europe, dont on ne mesure pas immédiatement l'impact sur le marché, car les usines restantes tournent à fond », note Pascal Genneviève, président de la branche papiers-cartons de Federec. Malgré les efforts de collecte et une amélioration du geste de tri du citoyen, il est difficile de compenser la fonte du gisement de papiers graphiques, de l'ordre de 5 % par an. L'an dernier, la production française de papiers à usage graphique a baissé de 7,5 % pour s'établir à moins de 2,7 Mt. « Les papetiers français restent cependant très demandeurs de hautes sortes triées à recycler 2.05 et 2.06 et sont contraints d'en importer », regrette Patrick de Noray, directeur recyclage et produits de Copacel. Du côté des cartons, qui représentent 60 % des flux fibreux traités par les récupérateurs, la collecte a progressé de 2 % en 2014, atteignant 4,5 Mt, bien aidée par la hausse de la production de cartons d'emballage et de papiers pour ondulé, qui a bondi de près de 9 % à 4,2 Mt. Le premier semestre 2015 est resté sur cette dynamique positive, mais la situation s'est un peu détériorée après l'été, en particulier dans l'activité industrielle : « Le carton industriel ne reprend pas comme on pouvait s'y attendre à cette période de l'année, note Hugues Bapst, directeur des ventes de Schroll. L'activité s'annonce en dents de scie sur le dernier trimestre, alors qu'elle était bonne jusqu'en juillet. » Croissance des prix jusqu'à l'été Autrefois réputé assez volatil, le marché des PCR affiche une relative stabilité des prix depuis plusieurs années. « On note un niveau de prix équiva-lant à un peu plus de 1,12 fois la moyenne sur dix ans. Cela représente un bon équilibre entre ce que peut payer le papetier et ce qui assure une certaine vitalité au marché », analyse Pascal Genneviève. Les prix des PCR ont crû de manière continue au premier semestre 2015 et ont atteint un pic au début de l'été. En juillet, une sorte basse comme le 1.02 affichait un prix départ autour de 80 euros la tonne, contre 60 euros un an plus tôt. Idem pour les belles sortes comme les 2.05 et 2.06, qui dépassaient les 150 voire 160 euros la tonne, soit environ 30 euros de plus qu'en juillet 2014. Cependant, un réajustement technique en septembre puis en octobre a corrigé les prix à la baisse. « Le marché semble orienté à la baisse en cette fin d'année, confirme Hugues Bapst. Après les cartons en septembre et octobre, c'est au tour du papier à désencrer 1.11 de baisser en novembre alors même que les cartons sont restés à l'équilibre. » Le mois de décembre est généralement plus calme, mais il devient hasardeux de faire des prévisions. La qualité des gisements de papiers-cartons en mélange aurait-elle tendance à se dégrader ? C'est en tout cas le constat partagé par les récupérateurs et les papetiers. « Dans les centres de tri très mécanisés, en particulier, certaines matières comme le 1.11 et le gros de magasin 1.02 sont de plus en plus polluées, notamment par des plastiques, en raison de l'extension des consignes de tri », pointe Pascal Genneviève. Et Patrick de Noray d'acquiescer : « Les papetiers se plaignent d'un tri qui se détériore et ne respecte pas toujours la norme EN 643, voire les normes plus souples mises au point par Ecofolio et les recycleurs de papier, ce qui fait immanquablement grimper les coûts de traitement. » « L'automatisation permet d'obtenir de meilleures qualités sur le gros de magasin issu de la collecte sélective, mais à grand renfort de moyens », reconnaît Hugues Bapst. Des réflexions qui alimentent les discussions sur l'intérêt d'une collecte séparée des mélanges fibreux, souhaitée par les papetiers pour des raisons de qualité et de coût, alors que s'enchaînent les réunions en vue du réagrément des éco-organismes des filières emballages et papiers pour 2017-2022. « Copacel défend a minima une collecte séparée des fibreux en porte-à-porte, que l'on estime à 200 euros la tonne, contre plus de 400 euros la tonne pour le schéma actuel majoritaire en multimatériaux, voire, comme en Espagne, une collecte en apport volontaire dont le coût est de 100 euros par tonne », résume Patrick de Noray. Les soutiens d'Ecofolio (80 euros la tonne pour le recyclage pour l'agrément actuel) cumulés aux recettes matériaux permettraient aux collectivités de mieux couvrir leurs coûts voire de gagner de l'argent, affirment les papetiers. « Ce serait sans doute un plus pour la qualité, mais il faut pouvoir gérer ce changement de schéma de collecte par des investissements publics et privés », avertit Pascal Genneviève, qui estime néanmoins que cette évolution aura sans doute lieu un jour. Sortir les papiers des OM La loi dite de transition énergétique pour la croissance promulguée en août dernier va dans le bon sens selon les acteurs de la filière papiers-cartons, qui sont d'un optimisme sans excès sur les nouvelles dispositions (lire encadré). Le décret concernant les cinq flux de déchets issus des activités économiques (papiers, métaux, plastiques, verre, bois) doit être publié en décembre et précisera certaines orientations de la loi. « Les entreprises et les administrations vont être obligées de mieux trier leurs papiers et les papetiers français espèrent être prioritaires sur les tonnages ainsi récupérés pour ne pas voir ces volumes partir à l'export », déclare Patrick de Noray. « Demander à l'administration d'utiliser plus de papier recyclé devrait doper le marché et aider les papetiers à avoir plus de débouchés, se réjouit Pascal Genneviève, mais la loi contient aussi des inepties comme la demande de réduction de consommation de papier de 30 % d'ici à 2020 pour l'administration. » Cet amendement parlementaire introduit à l'article 79 de la loi a provoqué l'incompréhension des papetiers, des récupérateurs et des recycleurs, qui l'avaient dénoncé en mai dernier dans un communiqué du Mouvement de l'intersecteur papier carton (MIP) auquel s'était associé Federec. La loi permettra-t-elle de sortir des volumes importants des ordures ménagères ? Dans l'étude de préfiguration concernant l'obligation de recyclage des papiers de bureau, menée en 2013 par l'Ademe, le chiffre de 200 000 tonnes faisait consensus comme gisement supplémentaire mobilisable en imposant le tri des papiers de bureau aux administrations et aux entreprises, sur un gisement total estimé à 850 000 tonnes, dont plus de 400 000 tonnes étaient déjà collectées. « Le problème est que cette obligation de tri des papiers de bureau arrive bien tard, regrette Pascal Genneviève. Les estimations de l'étude datent de 2011 et si l'on applique la fonte de 5 % par an nous tombons déjà à 720 000 tonnes. Il faut donc se dépêcher d'aller chercher ces tonnages si l'on veut fournir des matières à nos clients papetiers. » Autrefois concentrée dans les centres urbains et autour des gros sites producteurs de papier, l'offre de collecte existe aussi pour les gisements diffus. « Mais, aujourd'hui, facturer un coût de transport et une prestation de service à des entreprises de centre-ville qui payent moins cher pour éliminer leurs déchets avec les collectes municipales se heurte à une logique économique », résume Hugues Bapst. Le premier seuil de 100 salariés pour l'obligation de tri des papiers peut dynamiser le marché. Et plus encore dans les administrations, qui font mauvaise figure en la matière. « Le décret devrait avoir un effet assez immédiat, car la filière existe, contrairement à certains plastiques, par exemple », avance Pascal Genneviève. Et Patrick de Noray d'espérer que « le décret va vraiment booster la collecte des papiers de bureau, car il est regrettable qu'une partie de cette matière première soit encore éliminée en mélange avec d'autres déchets ». La situation de l'industrie papetière française suscite des inquiétudes avec des fermetures de sites et l'arrêt de machines ces dernières années chez UPM, Stora Enso, Arjowiggins, ou les incertitudes autour du site Norske Skog de Golbey spécialisé dans le papier journal. Nouvelles capacités en 2016 Mais ce paysage laisse entrevoir également des mutations industrielles. Après Blue Pa-per, qui a connu sa première année pleine en 2014 sans déstabiliser le marché, tant au niveau des volumes que des prix, le site Delion de Voreppe (rebaptisé Ecocis) commencera au premier trimestre 2016 une nouvelle activité de production de pâte marchande, qui sera utilisée par d'autres confrères recherchant de la pâte blanche recyclée. Avec un process moderne, qui permettra de traiter des papiers spéciaux, des papiers résistants humides. Le site consommera aussi des sortes supérieures, comme les écrits couleur, « qu'il faudra aller chercher », avertit Pascal Genneviève. « C'est un challenge pour la profession, nos excédents sur les papiers de bureau ne sont pas très importants, mais il est rare d'avoir une nouvelle usine en France, donc il faudra tout faire pour la servir. » 2016 fournira les premiers éléments de réponse sur la capacité des acteurs à résister à la baisse de la consommation et à mobiliser des gisements supplémentaires pour soutenir une filière qui reste exemplaire en matière d'économie circulaire. n
PARTAGEZ
À LIRE ÉGALEMENT
L’autoconsommation collective : un véritable outil pour la transition énergétique
L’autoconsommation collective : un véritable outil pour la transition énergétique
Ecologic lance une campagne pour recycler le matériel nautique après la saison
Ecologic lance une campagne pour recycler le matériel nautique après la saison
Décarbonation du bâtiment : Federec et Action Logement s’associent
Décarbonation du bâtiment : Federec et Action Logement s’associent
Grenoble tout feu tout flamme contre le risque incendie
Grenoble tout feu tout flamme contre le risque incendie
Tous les articles Recyclage
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS