La dernière crue majeure de la Loire date de 1856. Mais si elle se reproduisait, une chose est sûre : les deux unités de valorisation énergétique (UVE) de Nantes Métropole seraient hors-service et les accès coupés. D'où l'intérêt de mettre en place un PCA pour la collecte et le traitement des déchets ménagers de l'agglomération. Une démarche à laquelle les délégataires ont été associés.
« L'enjeu lié à la continuité de l'activité a émergé en 2009 avec le virus de la grippe H1N1. Avec la crainte de ne pas pouvoir assurer les services à la population », rappelle Isabelle Besançon, responsable du secteur prévention et gestion des risques à la direction de la tranquillité publique de Nantes Métropole. L'agglomération était déjà engagée dans la gestion des risques quand l'EPTB Loire a lancé le projet de PCA sur le bassin. « La continuité d'activité est complémentaire de la gestion de crise. L'aide à l'ingénierie proposée par l'EPTB Loire était une opportunité », soutient Isabelle Besançon. Et la direction déchets est retenue comme pilote.
Un diagnostic du territoire a d'abord été réalisé, en tenant compte du domicile des agents et des lieux de travail. Côté montée des eaux, seules sont disponibles les données sur une crue centennale, mais le scénario du « pire » prévoit un niveau encore plus haut. L'agglomération a été découpée en quatre segments, délimités par la Loire, l'Erdre et la Sèvre. En cas d'inondations, les équipements de collecte seront déplacés. Et des exutoires ont été identifiés. Reste à savoir si le personnel pourra aller travailler. Un dossier toujours en suspens car les exigences de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) imposent des conditions strictes pour exploiter les coordonnées personnelles des 320 agents du service. « Nous travaillons aussi sur les transports. Les ponts seront hors d'eau, mais nous vérifions s'ils seront accessibles », avance Isabelle Besançon.
Il faut ensuite construire le PCA. Trois scénarios ont été définis. Dans le meilleur des cas, la collecte se fait normalement et une des deux UVE réceptionne tous les déchets. Dans le deuxième scénario, la collecte est maintenue, mais les incinérateurs sont inaccessibles. Des exutoires de secours s'imposent alors. « Dans le troisième scénario, majorant, la collecte se fait en mode dégradé, par secteurs, et les deux UVE sont inaccessibles », indique Isabelle Brunet, responsable qualité à la direction des déchets de Nantes Métropole et pilote du projet PCA. « Pour les déchets recyclables, nous avons prévu de demander aux habitants de les stocker à domicile. » La collectivité, dotée en points d'apport volontaire (PAV), anticipe leur inondation. « Les PAV en surface situés en zones inondables seront enlevés quarante-huit heures avant la montée des eaux. Pour ceux enterrés, on nous a conseillé de les remplir préventivement d'eau propre », poursuit Isabelle Brunet. « Nous sommes sans doute à la moitié du chemin. Un PCA n'est jamais bouclé, de toute façon », conclut Isabelle Besançon. Ce qui n'empêche pas d'envisager son déploiement aux autres services de la métropole. l