Le verre recyclable à l'infini ou presque. Champion du recyclage en boucle fermée dans l'industrie de la bouteille, le calcin a encore des obstacles à franchir pour intégrer de nouvelles applications en particulier dans la production de verre plat (secteur du bâtiment ou de l'automobile). Aujourd'hui, pourtant, la filière évolue à tous les niveaux, à commencer par l'industrie de transformation.Saint-Gobain, principal acteur français dans le secteur du vitrage vient d'inaugurer le nouveau four de l'usine Eurofloat à Salaise-sur-Sanne, détenue à parts égales avec Riou Flat Glass depuis 2012. Sa particularité, : intégrer dans le nouveau four jusqu'à 30 % de calcin – contre moins de 20 % auparavant - soit 70 000 t/an, issu de trois flux (chutes internes de production, chutes de découpes clients, déchets de verre plat post-consommation).Après 110 jours de travaux de rénovation moyennant 26 millions d'euros d'investissement, la ligne de production de verre plat, destiné aux bâtiments résidentiels, va augmenter sa capacité de 10 % à 230 000 t/an, tout en réduisant sa consommation énergétique de 25 %, selon Emmanuel Abt, directeur de l'usine. Une démarche qui ne s'arrête pas là : « nous pourrions à terme monter jusqu'à 50 % de calcin dans nos fours, à condition, que le cahier des charges, bien que contraignant, soit strictement respecté ».En amont, les recycleurs s'organisent pour structurer la filière naissante de recyclage du verre plat. Jacques Roland, président de Cyclem, la branche verre de Federec et dirigeant de Sibelco sait de quoi il parle. Son entreprise recycle 80 000 t/an de verre plat destinées notamment pour refabriquer du verre plat. « Au niveau de la fédération, on souhaite également sensibiliser l'industrie du bâtiment pour aider à collecter plus. Le gisement potentiel est énorme par rapport aux volumes réellement recyclés. Il représente au total 300 000 t/an de verre plat ». A ce titre, le Cyclem a lancé une plateforme informative (www.recyclageverreplat.com) pour identifier et localiser les collecteurs et les recycleurs de verre en France.En 2017, une nouvelle ligne de recyclage de verre plat verra le jour chez Solover à Saint-Romain le Puy (42). Représentant un investissement total de 11 millions d'euros, cette installation va permettre à l'entreprise de passer de 40 000 à 60 000 t/an. « Rien de révolutionnaire sur la nouvelle ligne, explique Pierre-Yves Vial directeur commercial, si ce n'est l'agencement très étudié des machines de séparation et de tri pour répondre aux exigences de qualité demandées par l'industrie du vitrage ». Solover traite différents gisements de verre : chutes de production de vitrages, verre plat cassé, verre de pare-brise. A terme, l'entreprise compte sur cette nouvelle ligne pour se préparer à traiter plus de verre issu de déchets de chantier. « Aujourd'hui, ces flux nous échappent massivement par méconnaissance des maîtres d'ouvrage mais aussi à cause du système actuel qui favorise encore et toujours la mise en décharge du verre ». Un comble pour une matière recyclable à l'infini.