Le pneu rechapé est une pratique ancienne qui concernait autrefois tous types de pneus (poids lourds, tourisme…). Pour des questions économiques, le rechapage s'est recentré principalement sur le pneu poids lourd et gros engins industriels. Aujourd'hui pourtant, la filière française et européenne, de façon plus générale, tire la sonnette d'alarme. Alors que la vente de pneus neufs a atteint un million d'unités en 2015 en hausse de 4 %, celle du pneu rechapé a affiché 700 000 unités en recul de 4 %. Ainsi la part du pneu rechapé sur le marché du poids lourd est passé de 48 % en 2012 à 39 % en 2016. En parallèle, les pneus neufs mono-vie ont vu leur vente doubler sur la même période.Pour les manufacturiers et rechapeurs, la principale cause de ce déclin, c'est le pneu neuf à bas coût, bien souvent non rechapable. Ce type de pneu souvent importé d'Asie a une durée de vie plus courte et se révèle être beaucoup moins cher que le pneu rechapé européen. En 2015, selon le syndicat des professionnels du pneu, les ventes de ce produit ont augmenté de 90 % par rapport à 2012. Cette concurrence est nuisible à plus d'un titre : en raison de la chute des prix des matières premières, ces pneus mono-vie chinois cassent le marché européen. Pour un pneu neuf de 100 euros en France, on obtient un pneu rechapé de 60 euros et un pneu neuf mono-vie chinois encore moins cher, avoue un rechapeur. Eco-contribution modulableCela affaiblit non seulement le secteur du rechapage qui emploie 4000 personnes en France et un total de 32 000 personnes en Europe, mais aussi, concourt à gaspiller plus de matière première en empêchant le réutilisation d'un pneu rechapable. En aval, la filière de gestion de collecte et de traitement des pneus usagés n'est pas épargnée : les pneus neufs mono-vie en croissance viennent gonfler les gisements qu'il faut ensuite valoriser. Par ailleurs, ces pneus importés ne versent pas systématiquement l'éco-contribution. Et cela pèse sur le dispositif de la REP. Enfin, les pneus rechapables ne trouvent plus preneurs sur le marché du rechapé, faute de demande et finissent de plus en plus dans le gisement des matières à valoriser et non plus à réutiliser.En 2016, la filière estime à 700 000 euros, le manque à gagner de cette activité ce qui correspond à un volume de 40 000 pneus détruits plutôt que rechapés. Pour l'éco-organisme Aliapur comme l'ensemble des acteurs du secteur, le temps est venu d'informer les pouvoirs publics sur les risques à court terme. Parmi les solutions avancées pour soutenir le rechapage : rendre l'éco-contribution visible et modulable (bonus sur les pneus rechapables et malus sur les pneus mono-vie) dans le cadre de la REP pneumatique.