Les biodéchets sont au cœur du programme de prévention des déchets du Valtom. Avec l'idée de développer des solutions reproductibles et pérennes, dans les 11 collectivités adhérentes au syndicat. Pour les fédérer, le Valtom a lancé en 2013 le projet Organicité. « La démarche Organicité compte trois thématiques : la lutte contre le gaspillage alimentaire, le jardinage naturel et le compostage », rappelle Olivier Mezzalira, directeur général de Valtom, le syndicat pour la valorisation des déchets ménagers et assimilés du département du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire. Sa particularité ? Il dispose de la compétence sur la prévention de la production des déchets, partagée avec le département ; la réalisation des actions relevant des communes. « Avec cette organisation, toutes les communes ont accès aux mêmes initiatives, qu'elles comptent 2 000 ou 24 000 habitants », note Olivier Mezzalira, qui a été accompagné par le bureau d'étude D3.Le CHU d'Ambert fait partie des plus gros producteurs ayant rejoint la démarche Organicité. Il regroupe en fait trois établissements distincts : un hôpital et deux Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), représentant 700 repas par jour, fournis par une cuisine centrale, et générant près de 30 tonnes de biodéchets par an. « La difficulté était de collecter trois établissements, et de gérer 15 points de collecte, de la cuisine aux services », note Olivier Mezzalira.L'initiative a été bien reçue dans les 15 services concernés. Une phase test de 15 jours a permis d'adapter le circuit de collecte prévu sur le papier : il s'est avéré impossible pour l'agent des espaces verts de collecter et laver une vingtaine de bio-seaux chaque jour ! Cette tâche est donc réalisée par les personnes du service, les biodéchets étant mutualisés dans un bac intermédiaire de 60 litres pour chaque établissement. La collecte est quotidienne. « 700 repas par jour, c'est la limite pour un traitement manuel », observe Marie Chizelle, animatrice tri et prévention des déchets au Sivom d'Ambert.Autre particularité : les quelque 30 tonnes de biodéchets sont compostés sur place, grâce à deux composteurs de grande capacité. La gestion de la collecte et du compostage nécessite deux heures par jour, et a permis de pérenniser un emploi au service espaces verts de l'hôpital. Le compost est épandu autour des arbres du CHU, et remplace le désherbant.« Si les biodéchets étaient collectés avec les OMR, cela coûterait 130 euros/tonne. Ainsi, ce sont 35 000 euros par an qui sont économisés par le seul CHU d'Ambert », argumente le directeur général du Valtom. Bien que les établissements publics ne soient pas soumis à la redevance spéciale, le coût de gestion de leurs déchets leur est facturé. « La collectivité doit jouer son rôle et adapter sa fiscalité », estime Olivier Mezzalira.Le syndicat a financé le diagnostic et la formation, l'investissement dans les équipements, et les opérations de communication sur la première année. Organicité a bénéficié d'un budget de 200 000 euros sur six ans, abondé par le Valtom (70 %), l'Ademe (20 %) et les collectivités (10 %).« Aujourd'hui, cinq autres établissements de santé sont engagé dans le tri des biodéchets, avec la même méthodologie, totalisant 25 t/an », ajoute Marie Chizelle. « Cet effet boule de neige, c'était l'objectif de la démarche », se réjouit Olivier Mezzalira. D'autant qu'elle a également permis de lancer des projets de lutte contre le gaspillage alimentaire.Après quatre années d'initiatives sous le label Organicité, c'est maintenant un schéma territorial de gestion des déchets organiques qui est en projet pour 2025, intégrant déchets verts et déchets alimentaires. Il aiderait à structurer les flux de déchets organiques : la méthanisation à Clermont-Ferrand pour les gros producteurs, et le compostage pour les « petits » producteurs. « Un marché d'assistance à maîtrise d'ouvrage, piloté par le Valtom, va être lancé pour structurer cette démarche », annonce Olivier Mezzalira.Albane Canto