Le Grand Paris, une bonne occasion de mettre la loi de transition énergétique à l’épreuve du terrain ! Le texte impose le recyclage de 70 % des déchets du BTP à l’horizon 2020. La recherche de solutions régionales pour le recyclage des matériaux de construction et déconstruction s’inscrit aussi dans un contexte où l’Île-de-France importe, en provenance d’autres régions, près de la moitié des granulats qu’elle consomme. La Société du Grand Paris (SGP) s’engage à valoriser 70 % des déblais du Grand Paris Express. Ce nouveau réseau, avec le développement de 200 km de métro et 68 gares autour de Paris, devrait engendrer 43 millions de tonnes de déblais d’ici à 2030.Que faire de telles quantités de terres ? Les chantiers ont débuté en juin 2016. La SGP affiche sa volonté de faire, de ces opérations, des terrains d’expérimentation, et lance un appel à projets innovants en partenariat avec l’Ademe. Les entreprises ont jusqu’au 12 décembre 2016 pour présenter leur candidature, en vue d’une désignation, le mois suivant, d’au moins cinq lauréats. Les propositions retenues ont vocation à faire l’objet de six mois d’expérimentation in situ, début 2017. La SGP soutient chaque projet à hauteur de 100 000 euros. Ancrer la pratique du triDes déploiements de plus grande ampleur ne sont pas exclus, pourquoi pas en lien avec le conseil régional, mais dans un deuxième temps. Transformation des déblais en plâtre, brique, ciment… Les pistes d’innovations ne manquent pas. En amont, le tri à la source reste un enjeu clé, aux yeux de Joëlle Colosio, directrice régionale Île-de-France de l’Ademe. Cela passe par des formations et l’implication de divers acteurs, y compris les artisans. Le tri, et donc le stockage, doivent tenir compte d’emprises de chantier souvent réduites en milieu urbain dense.De plus, selon Frédéric Willemin, directeur de l’ingénierie environnementale à la Société du Grand Paris, « il nous faut améliorer les méthodes de caractérisation en sortie de tunnelier afin de pouvoir en orienter les déblais vers les filières en fonction de leur composition chimique ». Le chargement, le transport, le déchargement ne sont pas si simples qu’il y paraît, en présence de « matériaux qui peuvent être collants ». Avec un impératif de minimiser les coûts. Concernant le transport, estime Joëlle Colosio, « si nous pouvions accompagner une barge “propre”, ce serait extraordinaire ». Plusieurs actions sont déjà engagées. Un outil de traçabilité des terres excavées, développé par la SGP avec Artémis, fait l’objet de tests depuis septembre 2016. Il s’appuie sur une plateforme Internet, centralise les bordereaux de suivi, avec la pesée des terres. Les chantiers, le traitement, la valorisation des déblais impliquent des infrastructures de transport et de logistique.Six plateformes d’évacuation sont en projet, dont cinq fluviales avec Ports de Paris et Canaux de Paris, et l’une, ferroviaire, pour le tri et le transit des déblais. D’autres sites sont à l’étude, notamment avec SNCF Réseau. Un Observatoire des prix se prépare afin de suivre, à partir de 2017, l’évolution du marché des déblais. Il vise, entre autres, à mettre en regard matière première et granulat recyclé. D’autant que le Grand Paris ne se résume pas au Grand Paris Express. Il s’accompagne aussi d’un objectif de construire 70 000 logements par an pendant 25 ans.Chrystelle Carroy