Les « engagements volontaires », pris par 55 entreprises et fédérations, relèveront de 275 000 t/an l’emploi de plastiques recyclés dans la fabrication de nouveaux produits. Il s’agit certes d’un quasi-doublement des tonnages. Mais, partant d’un niveau modeste, ce gain n’amènera qu’à 13,5 % en 2025 la part du recyclé dans la consommation industrielle de plastiques.
A la fois « cruciaux » et « insuffisants » : Brune Poirson livre une appréciation contrastée sur les engagements volontaires, annoncés le 2 juillet 2018. Aux 300 000 t/an de plastiques recyclés aujourd’hui utilisés dans l’industrie s’ajouteront, en 2025, 275 000 t/an résultant des engagements pris dans l’emballage, le bâtiment et l’automobile.
L’essentiel du gisement sans seconde vie
C’est-à-dire qu’il restera environ « 3 millions de tonnes dont on ne fait rien », résume la secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot. Voire davantage, en cas de double comptage entre les tonnes issues des engagements volontaires et celles gagnées via le dispositif Orplast (piloté par l’Ademe). Un point qu’invite à vérifier l’association Alliance chimie recyclage (2ACR).
La première des 50 mesures de la feuille de route pour l’économie circulaire, publiée le 23 avril, est censée « lancer la dynamique », poursuit la représentante du ministère de la Transition écologique et solidaire. Son homologue de l’Economie et des Finances, Delphine Geny-Stéphann, y voit une « première étape significative dans le changement des modes de production ». Elle justifie la méthode de l’engagement volontaire : « Seuls les professionnels sont susceptibles de se fixer des objectifs cohérents avec leur action. »
Trois secteurs, totalisant 75 % de la consommation nationale de plastiques, se positionnent :
1. Emballages (45,5 % de la consommation) : + 188 000 t/ an, soit un quasi-doublement de la matière recyclée réintégrée à la production. Un gain accessible « sans grande difficulté, avec des prix compétitifs et des garanties de qualité et de traçabilité », affirme Serve Vassal, vice-président du syndicat de l’emballage plastique Elipso. Sur le polyéthylène basse densité (films étirables), c’est même un triplement qui se profile, indique le PDG du groupe Barbier.
2. Bâtiment (18,7 % de la consommation) : + 75 000 t/an, partant d’un niveau symbolique. La Fédération de la plasturgie et des composites porte cet objectif aux côtés du distributeur PUM Plastiques et des artisans de la Capeb. « Un tiers des ressources de son centre de R&D sera consacré à l’économie circulaire », signale son président, Benoît Hennaut.
3. Automobile (10 % de la consommation) : + 12 000 t/an. Nicolas Le Bigot, du Comité des constructeurs français automobiles, rappelle par ailleurs les objectifs affichés par Renault (+ 50 % de l’usage de plastiques recyclés au plan mondial de 2013 à 2022) et PSA (+ 15 % de 2018 à 2025 sur périmètre européen). Tous composants confondus, le secteur emploie plus de 30 % de matière recyclée.
Le gouvernement s’engage à assouplir les normes contrariant l’usage de matière recyclée, en particulier dans les produits électriques et électroniques et ceux du bâtiment. Un comité de suivi veillera à la concrétisation des annonces.
A l’échelle européenne, l’utilisation de plastiques recyclés doit être portée de 3,8 Mt en 2017 à 10 Mt en 2025, dont 1 Mt pour la France. « Dans les prochains mois » sont attendus d’autres engagements, indique Delphine Geny-Stéphann.