Une stratégie, élaborée avec les pouvoirs publics, les collectivités, les entreprises, le monde de la recherche et les ONG, sera présentée à la rentrée.
Chaque jour, 8,8 millions de pailles issues de la restauration rapide sont jetées en France. Toute pizza à emporter s’accompagne d’un sachet d’huile, dont seul un sur cinq est utilisé. C’est ce type de plastique « inutile » qu’appellent à « sortir du marché » des députés menés par François-Michel Lambert, président de l’Institut national de l’économie circulaire.
La démarche présentée le 25 juillet se réfère aux images des mers « plastifiées » d’Expédition Med. Le directeur de l’association, Bruno Dumontet, évoque une « bombe à retardement » annonçant « un écocide ». Les ONG soulignent le leurre du nettoyage des mers, où 80 % des déchets proviennent de terre. La Méditerranée présente une concentration record en microplastiques, quatre fois supérieure à celle du 7è continent évoluant dans le Pacifique-Nord.
Une co-construction sous tension
Une plateforme ouverte (aux acteurs politiques, économiques, scientifiques, associatifs2 débouchera, fin septembre, sur une stratégie recourant à la fiscalité, la réglementation, l’incitation (fléchage de fonds publics) et l’information/formation. Conscients du caractère provocateur du terme « inutile », les promoteurs et partenaires de l’initiative se préparent à « beaucoup de débats et de combats », selon Jean-François Delair, du WWF. « Il y aura des arguments en faveur de l’utilité, assure le militant.
L’emballage des fruits et légumes est présenté comme indispensable à la traçabilité du bio, ainsi isolé des produits conventionnels, et comme un gage de réduction du gaspillage alimentaire. Il faudra travailler les contre-arguments et les propositions d’alternatives, afin d’aboutir à des compromis. »
Le plastique, un peu moins pléthorique
La loi « transition énergétique » de 2015 impose le réutilisable pour les sacs de caisse depuis juillet 2016 et pour les produits frais depuis janvier 2017. Verres et assiettes jetables seront proscrits en janvier 2020. Mais le « gouvernement n’a toujours pas produit le rapport sur la réversibilité du stockage, prévu pour l’été 2016 à l’article 100 », relève François-Michel Lambert. La future stratégie visera la valorisation, matière ou énergétique, des déchets enfouis depuis une centaine d’années.
La loi « biodiversité » de 2016 bannit des cosmétiques les microbilles en polyéthylène depuis janvier 2018 et les batônnets ouatés en plastique à compter de début 2020. A cette date, disparaîtront les pailles et mélangeurs, a acté le projet de loi sur l’agriculture et l’alimentation. En deuxième lecture, Laurianne Rossi redéposera à l’Assemblée un amendement sur la suppression des contenants en plastique dans la restauration scolaire. « Il y a migration des perturbateurs endocriniens, à chaud et à froid, avec les poches de cuisson, les contenants de réchauffe et de service, souligne-t-elle. Au nom du principe de précaution, l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine recommande l’emploi de matériaux inertes. »
Le récent rapport sur l’application de la loi « biodiversité » préconise « d’accélérer les interdictions de produits à usage unique », rappelle sa co-auteure, Frédérique Tuffnel (LREM, Charente-Maritime).