Alors que le projet de loi « antigaspillage pour une économie circulaire » entre en examen au Sénat ce mardi 24 septembre, la consigne est au cœur de tous les débats. Ce dispositif qui ne fait pas l’unanimité est défendu par Alexandra Lange, responsable des affaires institutionnelles de Tomra pour l’Europe.
Quel est votre point de vue sur le dispositif de consigne pour les emballages de boisson et sur le débat qu’il provoque ?
Pour nous, le pré-rapport Vernier rendu au gouvernement le 12 septembre dernier, est très intéressant. Sa proposition nous paraît sensée et ressemble aux dispositifs déployés dans les pays nordiques, qui intègrent notamment le verre pour réemploi.
Le débat autour de la consigne est surtout orienté sur l’aspect économique et oublie l’intérêt général. Les arguments avancés par Amorce et Federec, ou les amendements ajoutés par le Sénat démontrent un manque de connaissance sur la consigne et perdent de vue les objectifs européens. Certains amendements ou propositions sont techniquement irréalisables, comme la mise en place d’une consigne sur les emballages consommés hors-foyer par exemple. On est très loin de la réalité du terrain !
Quelles seraient les conditions de déploiement d’un tel dispositif selon vous ?
Il faut que la consigne soit un dispositif national, suffisamment maillé et performant afin de ne pas être une contrainte pour le consommateur. Il faut essayer de rendre ce nouveau geste de tri attractif, en proposant un système de loterie comme en Norvège ou en Finlande, ou bien en donnant la possibilité de faire un don associatif. Après l’avoir testé, nous ne croyons pas au système de gratification. Il faut mettre en place un mécanisme financier de pollueur-payeur et une redevance incitative : le produit coûte un peu plus cher au consommateur, et s’il ne dépose pas son emballage en consigne, il s’autosanctionne.
La seule vraie problématique est l’articulation entre la consigne et la collecte existante avec le bac jaune. Les inquiétudes des collectivités sont tout à fait compréhensibles et le pré-rapport Vernier a le mérite de remettre les choses au clair, pour proposer une bonne base de travail. S’il existe un risque pour les collectivités de perdre des revenus, la loi peut instaurer une compensation.
Quel est votre retour d’expérience sur le terrain ?
Tomra a installé environ 82.000 automates de déconsignation dans 60 pays du monde. En 2018, nous avons collecté 40 milliards d’emballages. En France, 16 milliards d’emballages par an sont concernés. La consigne est un outil indispensable pour atteindre l’objectif européen de 90% de recyclage plastique, au même titre que le bac jaune. C’est le dispositif de collecte le plus efficace et c’est le seul qui garantit un produit apte au contact alimentaire. Selon nous, l’extension des consignes de tri, la mise en place de la consigne ainsi qu’une bonne campagne de communication permettront d’obtenir une amélioration significative de la collecte des emballages.
Alexandra Lange, responsable des affaires institutionnelles de Tomra pour l'Europe / Crédit : Tomra