Cette semaine, Olivier de Montlivault, CEO de SOS Accessoire, revient sur l’obsolescence programmée et évoque une "démocratisation de l’auto-réparation".
L’obsolescence programmée est dans le collimateur du gouvernement ! Alors que les lobbies jouent des coudes, l’État multiplie à son encontre les projets de lois. Les mesures vont contraindre de plus en plus de fabricants à faciliter la réparabilité de leurs équipements. En parallèle, les pratiques d’auto-réparation gagnent du terrain. Une chose est sûre, le marché de l’électroménager mute pour le meilleur. C’est à dire vers des comportements de production plus éco-responsables.
L’obsolescence face à la loi
L’obsolescence programmée a mauvaise presse. Elle est massivement rejetée par des consommateurs de plus en plus sensibilisés sur les enjeux environnementaux. Pour rappel, 62% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont libérées pendant l’extraction et la transformation des matériaux selon l’Organisation Circle Economy. Récemment, l’obsolescence programmée s’est heurtée de plein fouet au projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Son objectif : tenter de réduire le gaspillage et l’impact croissant de nos déchets sur l’environnement.
A la marge de ce texte, le Sénat a approuvé en septembre 2019, la mise en place d’un indice de réparabilité. Cet indicateur imposera aux fabricants et aux vendeurs d’informer les consommateurs du niveau de la future « réparabilité » des équipements. Tout comme le Nutriscore du côté de l’industrie agro-alimentaire, l’indice notera sur 10, les appareils électriques selon des critères, entre autres, de disponibilité et de facilité d’accès de ses pièces détachées.
La démocratisation de l’auto-réparation
L’obsolescence en perte de vitesse laisse place à d’autres pratiques plus durables. Parmi elles : l’auto-réparation. L’accès aux pièces détachées se généralise. Leur durée de disponibilité augmente. En effet, la Commission Européenne a adopté le 1er octobre 2019 une série de mesures qui favorise la réparabilité des appareils électroménagers. Dès 2021, les fabricants vont devoir répondre à cette nouvelle directive en mettant à disposition des pièces de rechange des différents appareils, et ce, pendant une durée minimum de 10 ans.
Les initiatives ne s’arrêtent pas là. Partout en France, fleurissent des lieux d’apprentissage dédiés à l’auto-réparation, à l’instar des bricothèques et des ressourceries. Par exemple, « Le Poulpe » - une ressourcerie qui ouvrira ses portes cet automne à Paris dans le 18ème - sensibilisera fortement les visiteurs à réparer leurs appareils. Dans une perspective nationale, l’Ademe préconise également la mise en place d’une structure qui fédèrerait l’ensemble des initiatives d’autoréparation.
L’électroménager en mutation
Ces démarches se multiplient et sont en train de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière du marché de l’électroménager. Indéniablement, elles tirent les produits vers le haut. Halte à la machine à laver bas de gamme, dont le hublot tombe après 3 ans ! La plupart des pièces fabriquées devront être de plus en plus qualitatives.
Elles font muter également l’électroménager vers un marché du kit où les pièces détachées deviennent beaucoup plus facilement remplaçables ; où le critère de réparabilité est en voie de devenir l’argument de vente qui déclenchera l’acte d’achat ; où les appareils se classent en fonction de leur durabilité et enfin, où s’affichera un coût d’usage en plus du coût d’acquisition.
Le temps est compté pour l’obsolescence qui essuie les critiques virulentes du public. Elle rencontre de plus en plus d’obstacles juridiques. Face à elle, l’auto-réparation et le reconditionnement ont le vent en poupe et rentrent dans les mœurs des consommateurs avertis. Bref, le marché de l’électroménager de demain s’inventera en kit et sera aussi durable que réparable.
Olivier de Montlivault, CEO de SOS Accessoire / DR