L’usine de Chapelle-Darblay dispose d’une puissance de recyclage de 480 000 t/an, soit le résultat du tri de 24 millions d’habitants. Crédits : Julien Vivet/Adobe Stock
Le papetier finlandais UPM a retenu l’offre industrielle du consortium constitué de Samfi et Paprec pour reprendre sa papeterie de la Chapelle-Darblay (Seine-Maritime). Toutefois, la métropole de Rouen Normandie met le veto pour maintenir les activités de recyclage du papier.
Un an après l’arrêt de sa production, l’usine de fabrication de papier journal de la Chapelle-Darblay située à Grand-Couronne (76) a trouvé son repreneur. C’est le projet d’investissement pour la création d’un écopôle déposé par le spécialiste français du recyclage Paprec et de Samfi, spécialiste de la production d’hydrogène avec sa filiale H2V, qui a finalement été sélectionné par UPM.
Les partenaires prévoient de transformer ce site de recyclage à travers un projet doté d’un investissement de 450 millions d’euros pour y développer deux activités industrielles : une usine de production d’hydrogène et de fabrication de matières premières issues du recyclage. Ce futur écopôle industriel créera de nouveaux emplois locaux (250 emplois directs et 400 indirects) et lancera le territoire dans la transition écologique en favorisant le transport fluvial pour les flux entrant et sortant des usines. « L’ensemble de ces activités permet de limiter le recours aux ressources et énergies fossiles, de réduire les émissions de CO2 et de diminuer le stockage de déchets ultimes », font-ils savoir dans un communiqué.
Une centaine d’emplois directs
Paprec a annoncé, sous réserve des autorisations administratives, le redémarrage en novembre de l’outil industriel sur place, notamment la chaudière biomasse. Le groupe y ajoutera des activités de production de matières premières recyclées à partir de déchets et des combustibles alternatifs pour chaudières : une plateforme d’approvisionnement et de préparation en bois, une ligne de production de combustible solide de récupération (CSR) et un centre de tri des déchets des industriels banals. Ce projet engendrera la création d’une centaine d’emplois directs.
De son côté, Samfi produira annuellement près de 54.000 tonnes d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau. Un processus qui sera alimenté par de l’électricité renouvelable issue en partie de la chaudière biomasse sur site. Cet hydrogène se substituera au pétrole comme carburant pour les voitures, camions, bus ou bateaux et contribuera à décarboner l’industrie.
« Samfi, comme Paprec, sont deux groupes familiaux ayant une vision long terme des investissements. Nous avons dans notre ADN commun la volonté de développer une industrie à vocation environnementale tout en créant des emplois non délocalisables. Le projet Chapelle Darblay répond pleinement à cette vocation et aux objectifs de la loi de transition énergétique. Il inscrit le territoire dans l’industrie du futur et sera rapidement une fierté nationale en démontrant la capacité de réindustrialiser le pays avec les énergies du XXIème siècle », a déclaré Sébastien Petithuguenin, Directeur général du groupe Paprec.
Rouen Normandie préfère l’offre concurrente
Malgré son potentiel, la métropole de Rouen Normandie veut casser cette acquisition et entend user de son « droit de préemption » sur le site pour obliger UPM à revoir son projet de vente. Et pour cause, les « compétences et la valeur ajoutée de Chapelle en matière de recyclage papier/carton, uniques en France par leur nature et leur ampleur industrielle, seraient alors perdus », fait savoir la métropole dans un communiqué.
Pour maintenir ce savoir-faire et l’activité de transformation de papier de la Chapelle-Darblay, la métropole rouennaise fait allusion dans son communiqué à l’offre concurrente déposée par Veolia-Fibre Excellence : « une offre alternative, portée par des industriels sérieux et crédibles, impliquant des investissements positifs et d’importantes créations d’emplois, a été écartée par UPM », peut-on lire.
Pour le maire de Rouen et président de la métropole Rouen Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, « Il ne s’agit donc pas d’un enjeu local, mais national. Va-t-on se résigner à abandonner le recyclage papier/carton en France ? A exporter le papier/carton vers d’autres pays à des centaines de kilomètres, à l’enfouir ou le brûler, au mépris du coût carbone ? Alors que la France vient d’être condamnée pour ses manquements en matière de lutte contre le réchauffement climatique, veut-on, oui ou non, développer enfin l’économie circulaire et restaurer notre souveraineté industrielle nationale ? ».