Avec un soutien initial de 8 milliards de dollars, le réseau d’investisseurs « FAIRR » lance une première série d’engagements auprès de dix grandes entreprises de la production animale intensive pour améliorer la gestion du fumier.
Fumier, paille, foin, copeaux de bois... On estime à plus de 3 milliards de tonnes de déchets qui sont produits chaque année par les exploitations animales. Leur gestion non approprié entraîne une pollution par les nutriments, impactant ainsi les cours d’eau, la qualité de l’air et la biodiversité. Conscient de cette pollution, le réseau FAIRR lance une série d’engagements destinée aux industriels de la production animale sur la gestion de ces déchets.
Le fumier, matière excrétée par les animaux en élevage, représente une réserve précieuse d’engrais azotés et phosphorés. Malgré ses avantages, il est traité comme un déchet à éliminer à moindre coût. « L’incapacité de l’industrie de la viande à gérer efficacement le fumier menace à la fois la biodiversité et les résultats des investisseurs. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les fermes d’élevage produisent chaque année plus de déchets que le volume de plastique produit dans le monde. La pratique consistant à déverser des quantités excessives de fumier et à laisser les nutriments polluer les cours d’eau tue la vie marine, met en danger la santé publique », commente Jeremy Coller, président et fondateur de l’initiative FAIRR, et directeur des investissements de Coller Capital.
Pour s’en saisir d’une façon plus durable, des investisseurs représentant plus de 8 milliards de dollars d’actifs, dont Robeco et Aviva Investors, impliqueront dix producteurs intensifs de porc et de poulet : Maple Leaf Foods (Canada), Tyson Foods (États-Unis), Seaboard Foods (États-Unis), Hormel Foods (États-Unis), Muyuan Foods (Chine), WH Group (Chine), Charoen Pokphand (Thaïlande), BRF (Brésil), JBS (Brésil), Cranswick (Royaume-Uni), Darling Ingredients (États-Unis) et Yara (Norvège). « Les investisseurs sont bien conscients du risque réglementaire pour les entreprises, après avoir vu les premières mesures prises aux États-Unis et aux Pays-Bas. En outre, les entreprises passeraient à côté d’une vraie opportunité d’agir dans une perspective mondiale en créant un engrais précieux à partir de déchets. Ceci à un moment historique où il n’a jamais été aussi coûteux de s’en procurer », ajoute Jeremy Coller.
Gestion circulaire du fumier
Les investisseurs engagés auprès du réseau FAIRR inciteront chaque entreprise à dévoiler une évaluation complète sur la gestion du fumier dans leur chaîne d’approvisionnement et de communiquer les mesures concrètes mises en place pour gérer les risques associés, notamment la pollution par les nutriments.
Les investisseurs s’engageront également auprès de deux entreprises agrochimiques, Darling Ingredients et Yara International, à explorer l’utilisation potentielle des déchets organiques de l’élevage comme source circulaire de matières premières. Par exemple en isolant, améliorant, et en réutilisant des éléments tels que l’azote et le phosphore afin de produire des engrais à valeur ajoutée.
Problématique de déforestation
Par ailleurs, utile de rappeler qu’au-delà de la mauvaise gestion de la matière organique, l’élevage industriel intensif contribue à la déforestation. « Les terres boisées sont rasées soit pour en faire des zones de pâturage pour le bétail, soit pour produire des cultures (très souvent du soja) qui sont ensuite utilisées pour nourrir les animaux », précise Greenpeace.