Après une année 2020 compliquée pour l’industrie du recyclage, l’année 2021 a été plus positive pour les professionnels, aussi bien en termes de collecte de déchets, que de prix de vente des matières premières issues du recyclage. « Après la crise sanitaire, les professionnels se sont réjouis d’une année 2021 excellente pour la majorité des filières de notre industrie », déclare le président de Federec, François Excoffier. Toutefois, fin 2021, le contexte a changé et laisse présager un affaiblissement de la filière en 2022 et en 2023, deux années qui « s’annoncent pleines de défis et de combats ».
Selon l’Observatoire statistique annuel de Federec qui analyse au travers de différents indicateurs économiques et sociaux, la santé des filières de recyclage, 2021 est sans doute une année de rebond. La collecte de déchets a progressé sur la plupart des filières et s’établit à 34,8 Mt de déchets collectés pour recyclage, hors déchets inertes, soit une hausse de 12,1 % par rapport à 2020 (30.871). Les différentes étapes de tri et préparation de la matière ont permis la production et la vente de 32,6 Mt de matières premières issues du recyclage (MpiR), granulats inertes non compris. Cette dynamique positive se traduit par une explosion du chiffre d’affaires du secteur qui augmente de 42 % pour s’établir à 10,8 milliards d’euros. Ce bon résultat est « lié, en partie, à l’augmentation des tonnages, mais essentiellement dû à l’élévation des cours des MpiR en 2021, signe d’une demande forte de nos matières sur les marchés », décrypte Manuel Burnand, Directeur général de Federec, lors de la présentation de l’Observatoire.
Coté investissement des entreprises du secteur, celui-ci a légèrement augmenté de 3 % en 2021 pour se situer à 547 millions d’euros, contre 531 millions d’euros en 2020. La majorité des investissements a été fléchée sur la modernisation des matériels de collecte et de tri qui représentent respectivement 27 % et 44 %, soit 77 % des investissements. « La collecte des déchets a progressé dans la plupart des filières, rattrapant la baisse de 2020 et allant même, pour certaines, au-delà du niveau post-Covid », commente Manuel Burnand.
Des filières plus « dynamiques »
À l’exception de la filière « solvants » (moins 2,6 % par rapport à 2020), l’ensemble des filières représentées par Federec ont connu une hausse de tonnages en 2021. La filière des métaux a enregistré une collecte de 12,9 Mt, soit une hausse importante de 15 % de la collecte de ferrailles par rapport à 2020. Quant à la filière des métaux non ferreux, le tonnage collecté a progressé de plus 20 % par rapport à 2020 pour atteindre 2,05 Mt. Cette dernière voit son chiffre d’affaires augmenter de 60 % pour s’établir à 3,9 milliards d’euros.
Le secteur de papiers-cartons jouit également d’une forte croissance (+ 9 %), avec un tonnage total collecté d’environ 6,9 Mt contre 6,3 Mt en 2020. Précisément, en 2021 la collecte sélective des déchets ménagers baisse légèrement (24 % contre 27 %), tandis que la collecte industrielle (hors papier de bureau) progresse avec 4,7 Mt collectées/recyclées, soit 69 % du tonnage total. Le plastique n’est pas en reste. La filière se redresse fortement pour atteindre 1 Mt de déchets plastiques collectés et recyclés en 2021, soit une hausse de 13 % vs 2020. C’est « du jamais vu ! s’exclame Christophe Viant, Président de Federec Plastiques. Cette augmentation [ndlr] s’explique par une explosion de la demande, toutes matières confondues, due principalement aux pénuries créées par la crise mondiale de la Covid-19, mais également par les encouragements, législatifs ou volontaires, d’incorporation de matières recyclées dans la fabrication de produits ».
Par ailleurs, les filières bois, textiles, Combustibles Solides de Récupération (CSR) et verre profitent à leur tour d’une augmentation de leur activité.
Des inquiétudes pour les années à venir
Après une année 2021 plus dynamique que les attentes, Federec anticipe une année 2022 plus difficile pour les professionnels du secteur. « Le contexte géopolitique actuel, l’inflation et la crise énergétique font peser un grand nombre d’incertitudes sur les filières de recyclage dépendantes à la fois de l’offre et de la demande. Dans ces conditions, dessiner une conjoncture pertinente pour les entreprises de recyclage en 2023 est un exercice périlleux », avance François Excoffier.
Par exemple, pour la filière « plastiques », l’année 2022 signera une réduction de production due à l’augmentation du coût de l’énergie ainsi qu’à la sortie de l’arrêté du cahier des charges de la REP emballages ménagers qui instaure la reprise de certains flux plastiques par les titulaires de l’agrément, à compter du 1er janvier 2023. « Cela représentera une perte d’environ 40 % des flux plastiques pour les entreprises de gestion des déchets ». Du côté de la filière des métaux non ferreux, la situation est également incertains. Les cours sont en forte chute depuis (environ -30 % pour l’aluminium et -22 % pour le cuivre entre avril et fin juin) et à cela s’ajoute une diminution des tonnages collectés et vendus.