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Mobilité : le numérique, support aux changements de comportements

PUBLIÉ LE 1er MARS 2015
LA RÉDACTION
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Votre réflexion sur la régulation des mobilités et les changements de comportements s'appuie notamment sur le constat de limites aux décisions et impulsions des autorités organisatrices. En effet, la plupart des autorités se sont laissées dépasser par l'ampleur du phénomène de métropolisation. Les programmes d'équipements qu'elles annoncent ou envisagent, pour nécessaires qu'ils soient, n'entrent pas dans la temporalité et donc la rationalité des usagers. En effet, pour des raisons financières et techniques, les extensions de métros ou de dessertes ferroviaires sont, par nature, des projets à plus de dix ans. De fait, les infrastructures proposées ont toujours un temps de retard par rapport au développement urbain alors que les mesures coercitives, y compris financières, ont un impact direct. Or, un bouchon se joue sur une échelle de 5 à 8 % de véhicules. Nous avons donc voulu tester l'hypothèse selon laquelle l'incitation, par la diffusion de comportements exemplaires adoptés par une fraction de volontaires impliqués, pouvait susciter une émulation et une dynamique collective. Vous avez mené ce projet de recherche – Mobidix – sur le Plateau de Saclay. Avec une densification importante, un métro qui n'est pas attendu avant 2023 et des communautés identifiées (écoles, centres de recherche, entreprises), le Plateau constituait un terrain particulièrement intéressant. Mais nos hypothèses, qui portent sur les ressorts de la motivation individuelle et le rôle du sentiment d'appartenance à une communauté dans un processus de changement comportemental, peuvent s'appliquer à d'autres territoires et d'autres thématiques comme la santé publique. Pouvez-vous nous en décrire le protocole ? Nous partions donc du principe que la posture institutionnelle et prescriptive est de moins en moins légitime et efficace pour susciter une appropriation des problématiques et un engagement des individus. Nous en voulons pour preuve le faible impact des campagnes et programmes menés en faveur du télétravail, de l'auto-partage ou de l'adoption d'horaires décalés. Et pourtant, à chaque incident climatique inattendu ou conflit social prolongé, nous effectuons tous le même constat : les gens s'entraident spontanément, modifient leurs habitudes, s'auto-organisent. Nous sommes là face à une dynamique à double détente où, comme pour les dons caritatifs ou le financement par crowdfunding, une somme d'engagements individuels créée un élan collectif. Nous avons donc lancé des tests pour comprendre pourquoi et comment les gens s'engageraient (conscience citoyenne) et s'entraideraient (conscience sociale) pour réduire la congestion des déplacements et limiter les rejets polluants. Concrètement, Mobidix, ce sont trois expériences complémentaires menées sur trois ans, avec des personnes différentes pour ne pas influencer les résultats. Ces volontaires, l'équipe de recherche les a recrutés dans les halls des écoles, des entreprises et sur les lieux de restauration collective du Plateau de Saclay. Dans une première phase, nous leur avons proposé d'être suivis et géolocalisés pendant une semaine afin de définir leur « empreinte de mobilité », de la cartographier et de la leur restituer pour l'analyser comme point de départ d'une recherche de solutions et d'améliorations. A l'issue de ce test, l'engagement des personnes sur le sujet augmentait de 7 %. Nous avons ensuite séparé en deux un second groupe et avons projeté des vidéos distinctes de motivation, traitant des mêmes enjeux : la fluidité des déplacements et la réduction des gaz à effets de serre, mais sous deux angles différents. Le premier film abordait le thème sous l'angle de la vie quotidienne, de l'appropriation ; le second du point de vue de l'autorité organisatrice, avec une approche plus centralisée et globalisante. Dans ce second cas, nous avons enregistré des effets d'engagement moindres de 10 à 15 %. Enfin, nous avons équipé un groupe d'une application mobile permettant à chacun à la fois de s'auto-évaluer, de se comparer ou de mesurer des résultats collectifs. L'engagement et la constance de nos volontaires ont été testés sur plusieurs stimuli comportementaux : la compétition (être le ou les meilleurs), la stimulation financière (être payé pour), la représentation d'un objectif commun (agir individuellement pour atteindre un enjeu collectif), la conscience sociale (l'appartenance à un groupe). Les résultats sont éloquents. La compétition et le gain individuel se sont révélés très démotivants. Ils annihilent l'engagement dans un enjeu collectif. Au contraire, la représentation d'une utilité sociale et le sentiment d'appartenance à un groupe garantissent la qualité et la continuité de l'engagement. Quelles sont les conclusions de cette étude ? Tendre à un changement de comportements suppose, au préalable, de lever deux écueils : - celui de la représentativité : les enjeux trop complexes ou trop globaux (sauver la planète) ne sont pas, à l'échelle de l'individu, à la portée qu'il peut prêter à ses actes. Il convient donc de relier l'individu au collectif par une représentation qui permette d'envi- > Compétition et motivation financière sont contreproductifs dans un enjeu collectif. sager l'efficacité d'une démarche commune. - de la même façon, la temporalité des objectifs et des bénéfices à attendre d'un engagement doivent être ramenés à une échelle de temps appréhensible par l'individu. Retenons ensuite que là où les bénéfices économiques sont insuffisants pour susciter un changement des comportements, seuls l'engagement individuel et la dynamique collective sont à mêmes de produire les effets escomptés. Du fait du poids des habitudes et de contraintes géographiques et sociales, les déplacements quotidiens relèvent de cette typologie : les chocs pétroliers et les pics de prix des carburants n'ont jamais entraîné de changements substantiels des pratiques. En résumé, il s'agit alors de trouver le bon ton et les bons arguments pour susciter des engagements qui, en jouant sur le levier d'appartenance à un groupe, puissent se propager pour devenir conventionnels. Le numérique, en croisant la possibilité de s'auto-évaluer et celle de partager des progressions collectives sur un réseau social, apporte des outils robustes au soutien de la mobilisation. n
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