« Un défi mondial qui a besoin d'une alliance mondiale ». Philippe Benoît, directeur de la division environnement de l'Agence internationale de l’énergie (AIE), résume par cette formule l'enjeu de la création, ce jeudi 3 décembre à la COP21, de l'Alliance mondiale pour le bâtiment et la construction.
Cette alliance inédite rassemble 20 pays (Allemagne, Brésil, Japon, Cameroun, USA, Mexique,Tunisie...), 8 grands groupes (Saint-Gobain, Velux, Veolia…), une cinquantaine d'organisations*, mais aussi des villes, des ONG ou des institutions de financement. Objectif : accélérer la transition énergétique et écologique de ce secteur encore responsable d'un tiers des émissions mondiales de CO2. Les objectifs qui lui sont assignés relèvent pour le moment du catalogues des bonnes intentions : « pérenniser cet élan » pour un travail commun « sur la durée », « rassembler autour d'un programme d'action opérationnel », « augmenter les financements internationaux » ou « la visibilité des initiatives exemplaires », etc.Les évolutions les plus rapides« Le moment est important. C'est la première fois qu'une journée est consacré au bâtiment dans une COP. C'est dans ce secteur qu'on constate les évolutions technologiques les plus rapides mais aussi les freins les plus forts », note la ministre de l'Écologie française Ségolène Royal.Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, confirme le diagnostic : « les technologies existent pour réduire nos émissions, mais cela ne fonctionne pas car les nombreux acteurs de la filière ne savent pas travailler ensemble », estime le grand patron membre du Green Building Council. À l'occasion de ce lancement, Naoko Ishii, directrice générale et présidente du Fonds pour l'environnement mondial, a annoncé la création, en partenariat avec le World resources institute (WRI) et le Pnue, de deux fonds dotés au total de 23 millions de dollars. Le premier est consacré à l’efficacité énergétique des bâtiments, le second aux chauffages urbains. « Nous travaillons avec plusieurs villes, Mexico par exemple, pour promouvoir le potentiel des réseaux de chaleur et développer leur utilisation », explique-t-elle.L'isolation en chanvreSégolène Royal a de son côté vanté les mérites de plusieurs mesures de sa loi sur la transition énergétique, énuméré, du recours de la terre crue à l'isolation en chanvre, les pratiques constructives à développer ou souhaité, comme à son habitude mais cette fois pour toute la planète, une généralisation de la construction neuve à énergie positive... La présidente de la délégation française a surtout annoncé le lancement d'un appel à projets « Bâtiment exemplaire en zone tropicale » soutenu par l'Ademe et un projet à l'étude de fonds mondial pour le bâtiment durable, dit « éco-building », qui serait financé par l'Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l'environnement mondial.
* Union internationale des architectes (UIA), World green building council (WGBC), Royal institution of chartered surveyors (RICS), Fédération de l'industrie européenne de la construction (Fiec)…
FT