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COP21 : Un mix énergétique à construire tout en souplesse

PUBLIÉ LE 7 DÉCEMBRE 2015
LA RÉDACTION
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Consommer de l’énergie n’est pas une fatalité. Pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France devra d’abord diminuer « sa consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2012 », selon la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Mais il est inéluctable en parallèle de baisser la part des ressources fossiles. Ce texte fixe pour cela des cibles à atteindre. En 2030, les énergies renouvelables doivent représenter 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz. La première cible n’est pas la plus évidente. Même si des scénarios prospectifs indiquent que l’on peut viser 100 % d’électricité renouvelable, la disparition annoncée des tarifs d’achat ou le recours à des appels d’offres pour limiter la progression incontrôlée de certaines technologies montrent que le chemin est semé d’embûches. Cet objectif dépasse par ailleurs la question climatique. Du fait de la part prépondérante de la production électronucléaire, le kilowattheure français est relativement peu carboné bien que, en plein hiver, la lenteur de la montée en puissance des réacteurs ne permet pas de suivre la demande et nécessite de brûler davantage d’énergies fossiles durant les pointes de consommation. « Les nouvelles capacités renouvelables se substituent aux deux tiers au thermique à flamme », évalue Damien Mathon, délégué général du Syndicatdes énergies renouvelables. Il défend, par la même occasion, les technologies solaire et éolienne. Elles sont souvent accusées d’accroître les besoins en centrales thermiques plus souples, mais plus carbonées, pour compenser leur intermittence. « L’enjeu est très différent selon que l’on considère une éolienne seule ou le parc français dans son intégralité, corrige Damien Mathon. Il existe une base de production éolienne constante du fait des différents régimes de vent sur le territoire. » Cette analyse devrait être encore plus vraie demain si un rééquilibrage régional des installations a lieu. Sans oublier que « la production éolienne est plus importante en hiver quand les besoins sont plus forts », poursuit-il. Le développement de réseaux électriques intelligents permettra, en outre, de lisser la consommation. Enfin, avec l’émergence d’un marché de capacité, un modèle économique pourrait inciter les centrales fossiles à ne plus fonctionner en permanence, mais à se limiter à sécuriser l’approvisionnement et la gestion des pointes de consommation. En termes d’énergie produite, leur érosion semble donc en bonne voie. Côté chaleur, la réduction des émissions nécessite de courir plusieurs lièvres à la fois dans un cadre associant la question climatique et celle de la qualité de l’air. Le premier enjeu est d’abandonner progressivement les équipements les moins performants, ce qui explique que les chaudières à gaz à condensation soient soutenues. Le deuxième est de continuer à verdir le mix de production en levant les freins technico-économiques. En matière de chauffage individuel, le bois présente toutes les vertus climatiques puisqu’il génère 13 g de CO2 par kilowattheure (d’après l’analyse de cycle de vie de l’ensemble de la chaîne). D’un point de vue économique, les appareils indépendants sont imbattables. Mais leurs contraintes d’utilisation sont nombreuses. Pour les chaudières, le coût des granulés demeure trop important et le nombre d’installateurs aguerris, principaux prescripteurs, reste trop faible pour envisager un essor à court terme. Les réseaux de chauffage se voient, quant à eux, assigner des objectifs élevés par la loi : multiplier par cinq la quantité de chaleur et de froid renouvelables et de récupération livrée à l’abonné à l’horizon 2030. Il faudra pour cela augmenter le nombre de raccordements en passant de 2 à 9,5 millions d’équivalents-logements et verdir un peu plus le mix, avec un objectif de 50 % d’énergies renouvelables ou de récupération, au lieu de 40 % aujourd’hui. Ce chiffre a déjà beaucoup progressé : la hausse a atteint 50 % en neuf ans. Le doublement du Fonds chaleur pourrait pérenniser cette tendance. « L’Ademe estime que le gisement de chaleur fatale dans l’industrie est de 50 TWh, dont 10 à proximité de réseaux. Soit l’équivalent de la chaleur renouvelable aujourd’hui ! » s’enthousiasme David Leicher, responsable des réseaux de chaleur de l’association Amorce. Restent les obstacles techniques. La demande de chaleur est très volatile et les renouvelables sont plutôt utilisées en production de base quand la souplesse des énergies fossiles, en particulier du gaz, leur permet de coller aux pics de consommation. « Économiquement, viser 100 % de renouvelables n’est pas raisonnable », reconnaît David Leicher, incitant les porteurs de projets à se méfier des chaufferies à biomasse surdimensionnées. Elles peuvent provoquer un vieillissement prématuré des équipements et sont source de surconsommation. Même le bois, l’énergie renouvelable la plus souple, ne s’adapte pas à des courbes de charge trop anarchiques. On ne démarre pas une chaufferie toutes les trois heures. Le développement de solutions de stockage pourrait permettre d’augmenter les taux d’incorporation mais, quoi qu’il arrive, le gaz restera pour un certain temps un combustible essentiel. Essentiel, mais pas forcément d’origine fossile. La méthanisation progresse doucement en France. D’autres technologies, comme la gazéification de la biomasse, pointent également le bout de leur nez. Aujourd’hui, les molécules vertes injectées dans le réseau de gaz ne représentent qu’une faible part de la consommation. Mais chez le gestionnaire du réseau GRDF, l’optimisme est de rigueur. On estime que le taux de gaz verts en réseau pourrait atteindre 73 % en 2050 grâce à une production de 240 TWh. D’après l’opérateur, l’amélioration parallèle de l’efficacité énergétique des installations permettra au secteur de diviser par quatre ses émissions de CO2. De même, les carburants ont entamé leur mue. Décriée du fait d’un bilan environnemental discutable, la première génération de biocarburants ne devrait pas dépasser 7 %, voire 10 %, d’incorporation dans le gazole ou dans l’essence. La deuxième, qui consiste à valoriser l’intégralité de la plante et non plus sa seule réserve énergétique, représenterait un potentiel de plusieurs milliards de tonnes équivalent pétrole dans le monde. Elle pourrait couvrir jusqu’à 30 % des besoins en 2030, d’après l’Agence internationale de l’énergie. Ce qui diviserait les émissions de gaz à effet de serre par cinq, voire par dix ! À condition, là encore, de trouver un équilibre technicoéconomique. Ce qui nécessitera des investissements conséquents. « Si la première génération est proche du pétrole, la biomasse lignocellulosique est plus difficile à exploiter », prévient Pierre Porot, responsable du programme biocarburants de l’Ifpen. La transition ne fait que débuter.OD
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