« L'idée est de valoriser ce qu'on a sous nos pieds. En allant du champ au bâtiment », introduit Julien Bonsens, le chef de projet écoconstruction au sein de Sud Touraine. En amont, des terres généreuses en tournesol et colza. En aval, un bâti ancien constitué de pierre de tuffeau. Pour relier les deux et multiplier les opérations d’amélioration thermique avec des agromatériaux locaux, un travail est engagé depuis trois ans impliquant les collectivités et une soixantaine de partenaires, dont des agriculteurs et artisans. La volonté politique est là : l'un des élus moteurs est même – fait assez rare – en charge de l'éconconstruction ! Monter une filière autour du chanvre ou du miscanthus n'a rien donné. Le choix a été fait de miser sur le tournesol et le colza. « En redonnant ses lettres de noblesse au tournesol, nous valorisons son intérêt agronomique, poursuit Julien Bonsens. L'introduire en culture de printemps est bon pour les sols et réduit l'utilisation d'herbicides. Offrir aux sous-produits que sont la canne de colza ou le granulé de tournesol une valeur ajoutée localement, en les retenant sur le territoire, est tout aussi essentiel. Mais si nous sommes pionniers sur leur valorisation en matériaux d'isolation, sous forme d'enduit ou soufflé en vrac dans les combles, c'est grâce à un partenariat actif avec des universités de Tours ou de Clermont-Ferrand. Des expériences en labo nous sommes passés à de la recherche avec application sur bâtiment témoin. Chercheurs, maçons et charpentiers travaillent main dans la main sur la valorisation d'agromatériaux en isolant appliqué sous diverses formes. Un presbytère a ainsi été isolé avec un enduit colza. »Reste à s'outiller pour mécaniser la collecte. Le chiffrage d'une unité de transformation est en cours. La technique ne fait pas tout : formations et visites de chantiers, lancement d'une plateforme de rénovation énergétique de l'habitat intégrant l'enjeu, « l'ensemble a été mené de front avec la sensation de faire feu de tout bois, mais enfin cela prend forme ». La preuve : la vitrine de cette jeune filière ouvre en septembre à Beaulieu-lès-Loches. Ce pôle consacré aux agromatériaux intègre des isolants chanvre-colza et a nécessité 500 000 euros. Il comprend un atelier pour des expérimentations et des bureaux pour accueillir des architectes et formations ciblées.MB