Lendosphère lance un appel à manifestation d'intérêt pour sélectionner des projets de rénovation de l’éclairage public portés par des collectivités qui recherchent un financement participatif. Pourquoi s'attaquer à ce secteur ?Parce que comme l'éolien, secteur par lequel nous avons débuté, il offre aux particuliers qui veulent flécher leur épargne vers des projets auxquels ils croient, mais de façon rentable, une stabilité, une visibilité sur leur retour d'investissement. Ce n'est donc pas le fruit du hasard, mais d'une réflexion avec l'Ademe, qui connaît les besoins des collectivités en matière de modernisation de leur éclairage public et apporte son expertise dans la sélection des projets à financer. Nul profil type de collectivité n'est visé. Toutes peuvent candidater à cet AMI jusqu’au 31 décembre quel que soit l’état d’avancement de leur projet. Pour moderniser l'éclairage public, cet outil s'ajoute à d'autres solutions à la disposition des collectivités, de l’emprunt classique au recours aux contrats de partenariat public-privé. Certes, mais nous proposons un supplément d'âme ! Voir des habitants flécher leur épargne dans la rénovation de l'éclairage d'un quartier est une démarche intéressant certainement les collectivités. Renouer avec cette proximité, introduire des circuits courts dans le financement d'un projet est au cœur de notre approche. Prochaine cible : les exploitations agricoles. Un partenariat est enclenché avec un syndicat professionnel. Des prêteurs seront sûrement intéressés à l'idée d'orienter leur épargne vers des projets de légumeries proches de chez eux ou d'aider par ce biais des exploitants à se convertir à l'agriculture bio. Nous nous diversifierons plus tard dans les secteurs de traitement de l'eau, des déchets et de la mobilité. Ce dispositif encore jeune de financement participatif dispose depuis la fin 2014 d'un encadrement spécifique. Est-ce suffisant ?La réglementation française a en effet créé des statuts, dont celui d'intermédiaire en financement participatif, dans lequel moi et mon associé nous sommes engouffrés pour fonder Lendosphère. L'entreprise grandit bien, emploie deux salariés pour la gestion client et l'animation de la communauté des prêteurs. Il y a 3 300 inscrits. Ils nous sollicitent à raison d'une dizaine de questions par jour. Et prêtent leur argent sous forme de prêts avec intérêts (crowdlending). Ils sont rémunérés en fonction du montant accordé à l'entreprise, la collectivité ou l'association. La confiance est au rendez-vous. Ils abondent le financement d'un projet en moyenne avec 1 000 euros d'épargne. Chaque projet suscite en moyenne 200 prêts. Nous avons collecté en tout six millions d'euros de fonds pour une trentaine d'opérations. Représentons 10 % du marché français du crowdlending. Et sommes le quatrième acteur du secteur parmi la dizaine de plateformes qui tournent bien. Dans quelle visée avez-vous conçu la vôtre ?En étant grand public et en se mettant à la place de l'utilisateur. Sans rien lui facturer. Notre double fierté : il ne traîne aucun encours impayé et toutes nos opérations ont marché. Nous nous rémunérons auprès des porteurs de projets, en facturant une commission de 4 % - un taux plus faible que sur d'autres plateformes - à l’entreprise qui emprunte, et ce uniquement en cas de réussite de la campagne de collecte. La campagne de refinancement du chantier du parc éolien mené dans la région Auvergne-Rhône Alpes par Boralex a ainsi permis de collecter plus de 385 000 euros. L'opération nous a donc rapporté 15 000 euros. Notre plateforme est aussi un outil d'information - une déformation professionnelle sans doute liée à mon ancien métier de journaliste ! Nous informons les prêteurs tout au long de l'avancement du projet auxquels ils ont contribué. Comment dénichez-vous les projets à financer ?Par une veille active et des projets nous sont aussi directement soumis. Nous en retenons un sur dix. Leur solidité financière et le sérieux de leur démarche écologique sont passés au crible. Pour les projets de parcs éoliens, les prêteurs sont souvent des riverains. Notre solution d'épargne décentralisée peut contribuer à faire accepter un projet. Mais nous ne prétendons pas être une solution miracle. Nous proposons juste un outil de financement. Propos recueillis par Morgan Boëdec