La première phase du plus grand écoquartier de France – 22 hectares, 2 500 logements dont 40 % à vocation sociale et 4 000 m² de commerces et d'équipements– est en voie d’achèvement. Mais ce n'est pas tant l'étendue du quartier Camille Claudel de Palaiseau (Essonne) qui le caractérise que sa conception paysagère intégrée axée sur la gestion locale du dérèglement climatique et du risque inondation. C'est le spécialiste des jardins filtrants, Phytorestore, qui est maître d’œuvre des espaces publics de cette opération foncière menée par Scientipôle Aménagement. « Nous avons conçu tous les aménagements extérieurs du quartier. La plus grosse innovation réside dans le fait de n'avoir prévu ni bassin d'orage, ni poste de relevage. Tout l'écoulement de l'eau est géré de façon gravitaire permettant à l'aménagement d'être fonctionnel même en cas de gros orage et de coupure d'électricité », explique Thierry Jacquet, président de Phytorestore. À noter également : la prise en compte d'une fréquence de retour de 50 ans pour la gestion des eaux pluviales, alors que la réglementation n'impose que le traitement d'une pluie décennale.Autre particularité pour ce quartier reconnu comme Nouveau quartier urbain (NQU) par la Région Île-de-France en 2010 mais qui n'a pas encore sollicité sa labellisation Écoquartier par l’État : la conception conjointe, dés le début du projet, des espaces verts et de la chaufferie (réalisée par EDF Optimal Solutions) avec l'objectif de produire de la biomasse valorisable. Une démarche qui permettrait d'éviter le rejet annuel de 2 400 tonnes de CO2. « Il est malheureusement très rare d'avoir une telle approche transversale dans les écoquartiers français. Il faudrait pourtant fixer des objectifs volontaristes en matière de gestion des inondations et de séquestration du carbone. Ce n'est même pas une question d'ambition, mais de responsabilité », considère le chef d'entreprise. Le quartier Camille Claudel se distingue enfin par sa conception participative. Dés 2008, des ateliers publics d'urbanisme ont permis d'impliquer les habitants de la ville. « Cela nous a beaucoup aidés pour la conception avec zéro rejet. Les habitants, à qui la gestion des espaces verts en pied d'immeuble a été confiée, souhaitant en effet un système de gestion le plus simple possible », souligne Thierry Jacquet.Fabian Tubiana