Des grands ensembles des années 1960 à une ville à taille humaine, socialement mixte et économiquement attractive. C’est tout l’enjeu du projet de rénovation urbaine de la ville des Mureaux (Yvelines), l’un des plus grands de France. L’opération de requalification a été labellisée Écoquartier par l’État en 2014. Dotée d’un budget conséquent de 409 millions d’euros, elle touche sept quartiers de la ville de banlieue parisienne et près de la moitié de ses 32?000 habitants. La convention avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a été signée en 2006. Les aménagements seront achevés fin 2017 ou début 2018, mais la construction de logements neufs se prolongera au-delà. Colonne vertébrale de l’opération, le parc urbain des Molière va être livré section par section d’ici à la fin de l’année.Premier objectif du projet urbain dessiné par les urbanistes de l’Atelier JAM : désenclaver les différents quartiers en en réinventant la trame viaire. « Le centre-ville, c’est la RD43 », constatait en 2012 le maire François Garay dans un cahier d’acteurs de l’École du renouvellement urbain. Depuis, la route départementale s’est muée en avenue urbaine, avec ses places de stationnement, ses pistes cyclables et ses trottoirs. « Le projet reprend la voirie et les espaces publics pour aboutir à un redécoupage d’un foncier qui appartenait à sept bailleurs sociaux. Ces derniers ont échangé des parcelles, entre eux et avec la ville », explique Anne Blondeau, directrice générale adjointe de l’aménageur Citallios, récemment né du regroupement de quatre SEM des Hauts-de-Seine et des Yvelines.Autre visée du projet : rénover et diversifier l’offre de logement. Un millier de logements, sur un total de 8?000 concernés, a été démoli. Les bailleurs ont reconstitué leur offre et lancé des opérations de rénovation lourde qui touchent actuellement à leur fin. Des parcelles ont en outre été réservées aux promoteurs privés pour la construction de logements BBC en accession libre ou sociale. « Cet objectif énergétique a été fixé en 2006 », souligne Anne Blondeau, qui rappelle les objectifs ambitieux de la ville en matière de développement durable, la création en 2013 de la plateforme Seinergy Lab de formation et de recherche sur « l’efficacité énergétique et l’électromobilité dans la ville du futur » ou encore l’ouverture en 2014 du Pôle Molière, un équipement public multiactivité à énergie positive tablant sur la mutualisation des usages. Armature du projet, le parc du même nom s’étend sur 7,5 ha du nord au sud de la ville et relie logements, commerces, équipements et espaces de loisirs. Conçu par les Ateliers villes et paysages et Infra Services, il est considéré comme un équipement à part entière et certifié HQE-Aménagement. Ses futurs usages ont donné lieu à une concertation poussée avec les habitants. « Nous avons voulu aller au-delà des traditionnelles réunions publiques en organisant sur place, avec le collectif Zeppelin Paysagistes, des ateliers pratiques sur la conception et l’usage des futurs jardins familiaux partagés. Nous avons aussi organisé en avril 2016 une journée de « Jeux Murolympiques » avec le collectif pluridisciplinaire Bruit du frigo et les paysagistes de Base. L’objectif était de recueillir les avis et les besoins des habitants sur les aires de jeux et les espaces sportifs et ludiques », détaille Bertrand Bonnecarrere, chef de projets chez Citallios.Une gestion intégrée des eaux pluviales basée sur l’infiltration naturelle et la gestion à la parcelle a par ailleurs été mise en place sur tout le périmètre de l’opération Anru par le groupe de conseil et d’ingénierie Infra Services. Ce choix « a contribué à lancer une vraie dynamique environnementale, comprenant notamment la remise à ciel ouvert du ru d’Orgeval dans le parc Molière », soulignent la ville et le bureau d’études dans un document de présentation de cette démarche récompensée par les Trophées de la conférence internationale Novatech.Pour la Commission nationale écoquartier, cette opération de rénovation urbaine, qui va se prolonger ailleurs dans la ville dans le cadre du Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU), est exemplaire en matière énergétique, de réflexion sur la trame viaire et les équipements ou de phasage. Elle pourrait d’ailleurs obtenir, dès le palmarès 2017, le stade 4 « vécu et confirmé » du label rénové. Fabian TubianaCliquez ici pour accéder à l'ensemble du dossier Ecoquartiers